Pour pallier le sentiment d’enfermement, certains couples ont décidé de s’octroyer plus de liberté, et s’autorisent des relations extra-conjugales. Un phénomène qui s’est accéléré depuis la crise sanitaire.
Marie est en couple avec Pierre depuis 3 ans et demi. Elle vit à Lille, lui à Bordeaux. Impossible, donc, pour eux, de se voir pendant les confinements. Alors depuis novembre 2020, elle lui a proposé de s’ouvrir à d’autres relations. Un tournant au départ difficile à accepter pour Pierre. « Pour moi, si tu aimes quelqu’un tu n’as besoin de personne d’autre. » Pour certains, comme Antoine*, en couple depuis 10 ans, l’amour à deux n’exclut pas d’autres partenaires. « Nous savons bien différencier le plaisir avec d’autres personnes, et l’amour que nous partageons depuis dix ans », nuance-t-il. Leur couple n’est « pas totalement libre ». C’est toujours « ensemble » qu’ils ont des relations sexuelles avec autrui. Le couple organisait déjà des plans à plusieurs avant la pandémie. Antoine admet que leur pratique est devenue plus régulière avec la crise.
Besoin de liberté
Pour Hélène Gent, sexothérapeute à Bordeaux, cette tranche d’âge s’ouvre de plus en plus à d’autres conceptions du couple. « On est vraiment dans une évolution. La jeune génération est complètement différente de celle d’il y a une dizaine d’années. On remarque depuis quelque temps une autre façon de concevoir l’amour. »
Pierre, le copain de Marie, est plutôt réticent à l’idée du couple libre. Le Bordelais a tenté les rencontres extra-conjugales, sans succès. « J’avais téléchargé l’application Tinder, mais je n’avais pas envie de parler. Une fois, j’ai annulé un rendez-vous au dernier moment. Je suis avec Marie, et dans ma tête je ne peux pas aller voir une autre fille. »
Pierre et Marie ne se parlent pas de leurs relations extérieures. « Je ne sais pas si elle voit d’autres mecs, et je n’ai pas envie de le savoir. Je la laisse faire sa vie. J’ai l’impression qu’elle va mieux, qu’elle se sent moins seule. » Mais l’inquiétude d’être quitté pour un autre est omniprésente. « J’ai peur qu’un jour elle me dise qu’elle a rencontré quelqu’un de mieux. Mais je ne peux rien faire. Quand j’y réfléchis, je me dis que si je l’enferme je vais la perdre. »
La Covid-19 a bouleversé les rapports à l’amour et aux relations conjugales. « Nous traversons une crise sanitaire qui s’éternise et personne n’est réellement dans son état normal. Nous remettons en question nos choix de vie et nos perspectives d’avenir » explique Diana Odon-Baylac, psychothérapeute bordelaise. Et cela a impacté les relations de couple. « Les derniers mois ont été vécus chez chacun d’entre nous de manière carcérale. Ça a exacerbé des envies de liberté. »
Bien plus que la notion de liberté, il y a aussi eu un manque sexuel pour les couples à distance. Un besoin vital, selon Hélène Gent, qui touche toutes les générations. « On a tous une part animale en nous qui fait que nous avons des pulsions sexuelles. Les couples qui ont été éloignés pendant une longue période ont dû répondre à ces besoins. » La relation libre apparaît donc comme une solution. Mais pas pour tout le monde. « On n’est pas à l’abri de faire une belle rencontre et déstabiliser le couple. Les deux doivent être en parfait accord », avertit Diana Odon-Baylac.
La relation libre ne peut être qu’une parenthèse dans la vie des couples. Ces changements ne perdureront pas longtemps après la pandémie pour la psychotérapeuthe.
*le prénom a été modifié
Crédit: Julie Malfoy