Les écologistes marchent pour le climat ce week-end. En même temps les gilets jaunes continueront leur mobilisation. La rencontre sera inévitable. Chez les écolos, on oscille entre crainte de débordements et timide espoir de convergence.
A Bordeaux, ils partiront à quelques mètres de distance. Les uns du Miroir d’eau, les autres de la Place de la Bourse. Les premiers pour la taxe carbone, les autres contre. Certains pourraient légitimement s’attendre à un violent clash. Pourtant, ce n’est pas la transition écologique qui pose problème, mais sa juste répartition. Les nouvelles revendications sociales des gilets jaunes, comme la revalorisation des minimas sociaux ou le rétablissement de l’ISF, réduisent chaque jour un peu plus la fracture entre les jaunes et les verts. « On a compris qu’on avait comme point commun un rejet de la politique sociale du gouvernement, une crainte pour l’avenir. On les comprend et on les respecte» nous explique Stéphane Saurin, membre de l’équipe bordelaise de la marche pour le climat.
Certains croient à une possible union entre écolos et gilets jaunes. C’est le cas des bien nommés « gilets verts». Né il y a trois semaines dans un café culturel de Seine-et-Marne, ce groupe est suivi par plus de 20 000 personnes et s’est propagé sur tout le territoire. Stéphane Cuttaïa, un des coordinateurs du mouvement, explique sa démarche: « Nous sommes dans une zone de brassage social entre la campagne et la ville. Nous sommes frappés du mécontentement exprimé depuis quelque temps par des gens venus de milieux divers. Nous sommes tous préoccupés par le réchauffement climatique, nous avons donc voulu créer un pont entre les revendications des écolos et la colère des gilets jaunes.» Mais avec quels gilets jaunes ? L’hétérogénéité du mouvement rend le dialogue parfois complexe. « Il n’y a pas un texte unique de revendications pour les gilets jaunes. Il nous manque des positions plus claires de leur côté pour pouvoir concrètement avancer » reconnaît Stéphane Cuttaïa. Pour ce faire, il dialogue activement avec des groupes de gilets jaunes de la région parisienne.
«La peur que tout cela dégénère»
Les écolos craignent que la manifestation des gilets jaunes bascule dans la violence comme la semaine dernière à Paris. Le bordelais Stéphane Saurin exprime ses peurs: « On ne veut pas que ça finisse comme samedi dernier sur les Champs et que les plus radicalisés fassent en sorte que la situation dégénère. Nous, on est une manifestation pacifique et familiale. » Les organisateurs écologistes sont en pleine discussion en ce moment avec la préfecture, les forces de l’ordre et des marcheurs modérés pour qu’en termes de sécurité, tout se déroule au mieux samedi.
On est encore loin de la convergence des luttes. De la Seine-et-Marne à Bordeaux, on espère néanmoins que le fraternel appel de Cyril Dion dans Libération ce mardi «Gilets jaunes, venez marcher pour le Climat ! » soit entendu par certains.