La déviation de la RD1215 est un serpent de mer pour les Taillanais et militants écologistes de Nouvelle-Aquitaine. Un long combat de 38 ans avec un nouvel épisode qui se joue, ce mercredi, au tribunal administratif de Bordeaux.
Ils sont une cinquantaine d’écologistes vent debout. Et se retrouvent sous un beau soleil entre deux tentes installées sur le Parvis des droits de l’Homme, devant le Palais de Justice de Bordeaux. “Déviation Taillan, depuis 30 ans, on fait fausse route”, peut-on lire sur une bannière. Autour des banderoles oranges, des drapeaux Extinction Rebellion (XR) jaunes et bleus, militants, élus et candidats aux municipales attendent pour prendre la parole.
Deux associations sont à l’initiative de ce recours en justice : Natur’Jalles et France Nature Environnement (FNE). Et ce jour-là elles peuvent aussi compter sur l’appui de citoyens et autres organisations : Greenpeace, Alertes Pesticides Haute Gironde, Sepanso, XR Bordeaux, Anvcop21 ou encore le collectif “Il est encore temps” à la logistique. “ Nous n’avons pas l’exclusivité de ce sujet, ni de la nature. Les citoyens peuvent s’emparer de ces questions”, assurent les militants. Les candidats en campagne sont aussi présents pour marquer leur soutien comme Philippe Poutou, les listes municipales “Bordeaux en lutte”, “Saint-Médard en-Jalles demain” et EELV Bordeaux, portée par Pierre Hurmic. “Le Taillan c’est un combat sur plusieurs fronts, c’est pour ça qu’on est là ”, déclarent en chœur les militants de XR Bordeaux.
Car l’union fait la force rappelle à la sono Martine Leblond, présidente de l’association Natur’Jalles. C’est pour cela que la prise de parole est collective. Collective, comme leur combat pour l’environnement. À partir de 13h30 le micro défile entre les mains tendues. Et à chaque discours sa tonalité. Leurs mots reflètent tour à tour la couleur de l’association qu’ils portent : l’historique des luttes écolos pour Patrick Maupin de Greenpeace, la poésie fougueuse et colérique pour “Faedh” de XR Bordeaux . “ Nous sommes ensemble pour le vivant. Nous défendons les 100+1 espèces protégées… +1 pour nous aussi, les humains ! ” À la place des hourras, ce sont des petits bruits de hiboux des jeunes d’Extinction Rebellion qui retentissent. Un rire parcourt l’assemblée. Une touche de légèreté qui n’enlève rien au sérieux du combat.
“ Il y avait cinq tracés différents. Le Conseil départemental a choisi le tracé le plus dangereux, celui qui va déloger, tuer des espèces protégées comme l’Azuré, ce papillon si rare en France ! ”, s’exclame Philippe Barbedienne, directeur de la Sepanso Gironde. Autre argument avancé : “au niveau routier, cela ne sera pas mieux”, assure-t-il. Nony, de l’association Alerte Pesticides Haute Gironde, abonde : “ Cette déviation ne va pas résoudre le problème des embouteillages, au contraire. On est encore dans des logiques de croissance, d’urbanisation à outrance qui sont dépassées. On le voit bien avec ces projets de nouveaux lotissements, de construction d’entrepôt ”.
Selon Martine Leblond, les militants écologistes sont trop souvent taxés de “Khmers verts”. Contrairement à ce que disent leurs détracteurs, ils comprennent les difficultés des riverains médocains. Eux aussi subissent les contraintes de transports. Seule différence, les intérêts de l’Homme et ceux de la nature ne devraient pas s’opposer. La présidente de Natur’Jalles martèle : “ Nous ne sommes pas contre la déviation, ni contre les Taillanais. Nous sommes pour, mais pour un projet alternatif, qui n’a pas été écouté.’ À voir donc ce que la justice statuera, d’ici le 17 février, sur la reprise ou non des travaux contournant le centre-ville du Taillan-Médoc.