Une famille ukrainienne vit dans le logement d’urgence du village d’Izon (Gironde) depuis vendredi 4 mars. Imprimatur a rencontré ces rescapé·es de la première heure, alors que près de deux millions d’Ukrainien·nes ont quitté leur pays depuis le début de l’offensive russe.
Un salon dépouillé avec un grand lit installé en plein milieu, et quelques plantes, apportées par des agents de la ville, sur une ancienne cheminée. C’est dans ce décor que Lena et ses quatre enfants ont emménagé à Izon, au nord de Bordeaux.
Lorsqu’on lui demande depuis quand elle est là, il faut du temps à l’Ukrainienne de 51 ans pour répondre. « Elle ne sait plus, elle dirait 4 jours » traduit Irina, son interprète. Lena avoue avoir un peu perdu la notion du temps après son départ de Kharkiv. A ses côtés, Yaroslav, son fils âgé de 30 ans a l’air exténué. En situation de handicap, il a été autorisé à quitter le pays.
Bordeaux vu à la télévision
L’arrivée de la famille en Gironde est un drôle de hasard. « A la télévision, en Ukraine, un bandeau d’information indiquait que deux villes françaises accueillaient les déplacés ukrainiens : Bordeaux et Lyon. Elles·ils ont choisi celle qui était la plus loin de la guerre » traduit Irina.
En voiture, puis en train, avec des billets offerts à Munich par deux bénévoles, la famille a pu rejoindre la France. Mais à Bordeaux, Lena et ses enfants déchantent. Personne n’est là pour les accueillir et ils se tournent en catastrophe vers une autre fille de Lena qui vit aujourd’hui à l’étranger. Cette dernière contacte l’association Ukraine Amitié via Facebook et elles·ils sont accueilli·es pour la nuit par l’une des volontaires.
De son côté, le maire d’Izon Laurent De Launay raconte leur arrivée, vendredi à 21h : « J’ai été prévenu jeudi soir par une izonnaise d’origine ukrainienne qu’une famille de réfugiés cherchait un logement vers Bordeaux. J’ai tout de suite accepté d’utiliser le logement d’urgence de la commune. C’était le branle-bas de combat, on a travaillé toute la journée du vendredi pour le meubler ».
La France, pays du « merci beaucoup«
« On a eu de la chance » soutient Yaroslav. Parti·es dans les premiers d’Ukraine, Lena et ses enfants ont pu quitter le pays, contrairement à certains de leurs proches resté·es là-bas.
A Izon, elles et il ont retrouvé « le calme et la sécurité ». Même si chaque sirène de pompier ou de voiture de police les fait sursauter. « Ici c’est merci beaucoup », traduit littéralement Irina avant d’expliquer : la famille ukrainienne ne s’attendait pas à un accueil aussi bienveillant. Et Lena de décrire tout ce que les agents de la ville ont amené pour améliorer le confort du logement. Le Wi-fi surtout, leur permet de garder contact avec leur grand-mère restée en Ukraine.
Les enfants scolarisés et leur régularisation en cours, la famille semble amenée à rester. Malgré un accueil dans l’urgence, hors de tout cadre légal.
Dans le flou juridique
Laurent De Launay est clair: « Je n’ai pas attendu le feu vert de la préfecture pour les accueillir. On était face à une urgence humanitaire ». Le maire dit à mots couverts son impatience face à l’absence de consignes étatiques claires. Pour le moment, comme tous les maires de Gironde, il a recensé les volontaires pour héberger des déplacé·es sur sa commune, et fait remonter l’information à la préfecture. Selon le service communication de cette dernière, environ 850 places sont proposées en Gironde.
Mais la vague d’ukrainien·nes qui fuient la guerre n’est pas encore arrivée, Lena et ses enfants restent des exceptions en Gironde.
Margaux Longeroche