Deux jours après avoir reçu les consignes de la Fédération française de football, les joueurs de Mérignac-Arlac ont fait leur retour à l’entraînement en prévision de leur rencontre du 6e tour de Coupe de France, ce dimanche. Une reprise largement impactée par le lourd protocole sanitaire imposé par les instances du football.
Mérignac, samedi 23 janvier, 11h. Sous une pluie battante, les retrouvailles sont maussades. Trois mois que les joueurs du FCE Mérignac-Arlac (6ème division) ne s’étaient pas officiellement revus. Au programme, deux heures de course, mais toujours pas de ballons. La mairie interdit toujours l’accès aux terrains, conformément au décret du 29 octobre 2020 mis en place à la suite de l’annonce du deuxième confinement par Emmanuel Macron. Alors pour combler le manque, ceux qui, pour la plupart, sont étudiants en STAPS le reste de la semaine, forcent les sourires et enchainent les tours de terrain.
Des décisions qui compliquent la préparation d’un match si important pour un club amateur. “On va disputer un match de Coupe de France comme si on allait jouer un match entre potes le weekend”, s’indigne Marc Rafa, milieu de terrain de Mérignac-Arlac. Même si des matchs “clandestins” entre joueurs ont été organisés lors des dernières semaines, les Mérignacais n’ont pu réellement s’entraîner avec un ballon depuis trois mois. Le père d’un joueur s’attriste. “Les joueurs sont jeunes, le confinement a été dur pour eux et ils voulaient juste reprendre. Qu’on les laisse faire !”.
La crainte de blessures, notamment dues au manque d’entraînement, pèse dans les esprits des membres du staff technique. Jean-Yvon Demarthon, entraîneur adjoint, confie sa peur pour la santé de ses joueurs. “Ils se sont entraînés tout seuls de leur côté mais rien ne vaut les séances encadrées et sérieuses” déclare-t-il, avant d’ajouter, “j’ai peur pour le physique des joueurs, ils auront de la hargne et ça peut faire de grosses blessures”.
Il faut dire que la Coupe de France reprend, atrophiée. Pour alléger le calendrier, les rencontres entre professionnels et amateurs, qui font la richesse de la compétition, ne pourront pas avoir lieu au moins avant les 16e de finale. Prête à tout pour reprendre, la Fédération Française de football est au centre des critiques. À Mérignac, on ne décolère pas. “La Fédération nous fait reprendre pour le pognon et toucher les droits télés. On ne pense pas du tout aux clubs amateurs”, glisse un membre du club.
Un protocole sanitaire intenable
Ajoutée à cette déception, les clubs amateurs doivent aussi se plier à un protocole sanitaire particulièrement strict. Pour certains, ce protocole est même intenable. Dominique Petraud, vice-président du club, fulmine. “C’est du n’importe quoi, vous avez vu la taille du protocole sanitaire ? Je vais vous le dire : on nous méprise”. Test PCR (deux jours avant le match) et test antigénique (le jour de la rencontre) obligatoires, désignation d’un référent covid, présence d’un médecin et, surtout, obligation de jouer à huis clos… Les mesures restrictives sont nombreuses. Des consignes qui obligent les joueurs à prendre leurs dispositions, en dépit de leur activité professionnelle. Milieu de terrain au club, et éducateur à temps plein, Marc Rafa s’interroge. “Je vais devoir m’organiser sur mes journées de travail pour me faire tester. J’ai une vie à côté. C’est un vrai casse-tête.”
Cette reprise parasitée fait naître l’idée d’un boycott pur et simple de cette Coupe de France. Certains clubs amateurs ont déjà franchi le pas, par craintes des blessures et par refus de subir la dureté du protocole sanitaire. Le vice-président Dominique Petraud explique : “Ça commence à être dur financièrement. D’autres clubs plus petits sont à l’agonie, ils ne peuvent pas se permettre de boycotter. D’autres le feront.” Une éventualité pourtant balayée par Antoine Vergès, le coach de Mérignac-Arlac. “On ne va pas boycotter, il y a l’aspect financier derrière, on est condamnés à jouer”. Pour cause, une victoire dimanche offrirait 7500€ à Mérignac et un accès au tour suivant. De quoi redonner le sourire, au moins le temps d’un match, à des passionnés désabusés.
Crédit: Théo Putavy