Le second confinement a déjoué les plans des étudiants internationaux inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur de Bordeaux. Une situation frustrante et décourageante pour certains qui souffrent de solitude. Découvrir la culture d’un autre pays au travers de sa fenêtre est difficile pour ces jeunes venus des quatre coins du monde.
“J’arpentais les rues, j’allais dans les bars… J’avais une vie sociale quoi” raconte, dépité, Antonio, étudiant espagnol suivant des cours de journalisme à bordeaux dans le cadre de son Erasmus. Le reconfinement, annoncé par le Président le 30 octobre, est venu gâcher la fête de plusieurs milliers d’étudiants étrangers qui ont choisi Bordeaux pour faire leurs études supérieures. Des jeunes qui avaient fait le pari de venir en France, alors que deux à trois fois moins d’étudiants étrangers avaient décidé de prendre part à l’aventure dans la Belle Endormie cette année.
Le confinement a accentué la tendance des cours en distanciel, en vogue depuis la rentrée scolaire avec les restrictions sanitaires. Une tare pour des étudiants venus découvrir une nouvelle culture. « C’est vraiment difficile pour un étudiant qui n’a pas d’expériences, se lamente Antonio. Mes cours sont entièrement en ligne, et je ne progresse plus en français puisque je ne rencontre plus de nouvelles personnes ! »Les universités sont contraintes de bousculer leur fonctionnement en reprenant les codes du premier confinement. L’université Bordeaux Montaigne (UBM) a tenté d’harmoniser les pratiques tout en demandant de la bienveillance aux professeurs. « L’hybridation des cours est performante, révèle Antoine Borderie, responsable du pôle mobilité étudiante à l’UBM. Il y a beaucoup moins de décrochage scolaire, et on a eu très peu d’interruptions : seulement 5% ont arrêté les cours ».
Soutenus malgré l’isolement
Les étudiants n’ont cependant pas été abandonnés à leur propre sort. Des mesures ont été prises pour continuer d’entretenir le contact. “Malgré les cours en distanciel, on fait tout le nécessaire pour garder un lien fort avec les étudiants, affirme Ludovic Renard, directeur des relations internationales à Sciences Po Bordeaux. On les tient au courant de l’évolution du couvre-feu, on pallie les problèmes de connexions et on essaie de gérer les difficultés avec le Crous.” La tendance relevée par les équipes pédagogiques des universités bordelaises est positive. Déjà confrontés à un confinement, les universitaires se sont préparés mentalement à en vivre un éventuel deuxième. « Ils connaissaient le deal”, confirme Ludovic Renard. L’université de Bordeaux Montaigne a proposé à ses élèves un accès aux services de l’école. Un psychologue a été mis à leur disposition pour apaiser leurs craintes.
Des dispositifs sont aussi mis en place pour permettre aux étudiants de se voir… en visio, certes, mais avec la possibilité d’échanger, de s’amuser et de se retrouver. “Les soirées festives dans les bars, les événements culturels et les voyages ont été remplacés par des débats et des soirées films via la plateforme Zoom. Malheureusement, il y a beaucoup moins de monde…” déplore Mario Ayala, responsable de l’association Erasmus Student Network sur Bordeaux, qui veille à l’intégration des étudiants internationaux. Les rencontres physiques, bien que courtes et intenses, restent gravées dans les mémoires de chacun. Antonio considère cette période comme un défi qui lui permettra de grandir. Liessa, étudiante belge, est très heureuse de son Erasmus. Elle estime “être sortie de sa zone de confort” et avoir fait des rencontres formidables en un temps record. “Mes parents me disaient de ne pas y aller. Moi, je dirai à mes enfants de le faire absolument !”
Des vacances de Noël finalement maintenues
La peur d’un Noël confiné a traversé l’esprit de nombreux étudiants étrangers. Après quelques semaines d’incertitudes, le ministère de l’Intérieur a assuré qu’ils pourraient quitter le territoire, et de revenir pour suivre leur second semestre d’études en France sans quarantaine obligatoire. Un grand bol d’air pour Antonio, qui pourra enfin revoir sa famille et ses amis. Quant à Tara, étudiante anglaise, elle craignait de ne pas pouvoir rentrer chez elle pour Noël à cause de la quarantaine imposée pour les personnes entrant sur le territoire. Les mesures ont été assouplies ce mercredi 2 décembre avec la levée du confinement. Pouvoir retrouver ses amis et serrer sa famille dans ses bras sera, pour elle, un grand ouf de soulagement.
Maxime Dubernet de Boscq et Hugo Bouët