Concert ukrainien à Bordeaux : derrière un succès apparent, un soutien au pays en guerre qui peine à se renouveler 

À l’approche de Noël, l’Ensemble national des Bandouristes d’Ukraine s’est produit, ce mardi 2 décembre 2025, à l’église Saint-Rémi-de-la-vigne du quartier Bacalan. L’occasion pour l’association de la Maison de l’Ukraine de Bordeaux, créée en 2022, d’essayer de raviver la mobilisation des Girondins.

Malheureusement pour les retardataires, il n’y avait plus une place de libre sur les bancs de l’allée centrale de l’église Saint-Rémi-de-la-vigne du quartier Bacalan. Ce mardi 2 décembre, les Bordelais se sont déplacés en nombre pour assister à la représentation de l’Ensemble national des Bandouristes d’Ukraine.

De quoi ravir Svitlana Poix, présidente de la Maison Ukrainienne à Bordeaux et organisatrice de l’événement. Devant la salle comble de l’église, elle ne cache pas son émotion : « Je suis très satisfaite, je ne m’attendais pas à un tel engouement. »  Avec son association, fondée au lendemain de l’invasion de son pays par la Russie en février 2022, cette franco-ukrainienne œuvre pour soutenir le peuple ukrainien et faire la promotion de son patrimoine en Gironde. 

Face à l’avenir plus qu’incertain de son pays d’origine, elle souligne l’importance de  montrer qu’« il n’y a pas que la guerre » et que « l’Ukraine, c’est aussi une nation, une culture et une histoire ». Son but est aussi d’afficher la résilience d’un peuple meurtri par des années de conflit et pour qui l’expression artistique devient un acte de résistance. 

Un public de fidèles 

Arrivé parmi les premiers participants ce soir, avec son macaron aux couleurs jaune et azur épinglé sur le cœur, Loïc de Rocquigny, fidèle de la première heure, ressent lui un essoufflement : « Au début de la guerre, c’était tout feu tout flamme, tout le monde était prêt à soutenir la cause, mais au bout de quatre ans, les gens nous disent qu’il n’y a pas que l’Ukraine… Ils ont aussi d’autres problèmes. » De son côté, membre du Rotary Club de Bordeaux-Montaigne, il assure que son engagement n’a jamais faibli. Pour celui qui a mis en relation la maison ukrainienne et la paroisse afin d’obtenir la salle de concert, cet effritement de la mobilisation est tout simplement dû à « l’usure du temps », inhérente à une crise qui s’éternise. 

À bien y regarder, le Père Francis Ayliès, curé de St-Rémi-de-la-vigne, reconnaît ce soir « beaucoup de ses paroissiens ». Témoignage, selon lui, de la sensibilité particulière pour la Paix qui règne dans sa communauté. Par ailleurs, il souligne l’initiative personnelle de plusieurs de ses fidèles qui ont accueilli spontanément des exilés ukrainiens depuis le début du conflit.

L’Ensemble national des Bandouristes d’Ukraine en représentation devant le public de l’Église Saint-Rémi-de-la-vigne, à Bordeaux ©Marie Cogordan

C’est par exemple le cas des époux Pénide qui ont accueilli pendant plus d’un an une famille de réfugiés. « C’était une expérience surprenante et extraordinaire. Nous avons développé des liens très forts » racontent-ils avec émotion. Dès lors, c’est « naturel » pour ce couple de retraités d’assister au concert des bandouristes et, a fortiori, à toutes les manifestations en faveur de l’Ukraine. À l’image des époux Pénide, la majorité des participants réunis ce soir sont des soutiens de la première heure de la diaspora ukrainienne.

Quelques personnes font office d’exception dans la salle. Attirée par un tract lu au hasard, Lorenza est venue pour découvrir la culture ukrainienne. Conquise par la beauté du chœur, la jeune femme raconte avec enthousiasme : « Toucher à la culture, c’est un moyen de se sentir en lien avec le peuple ukrainien. » Un témoignage qui fait écho à la citation de Platon que délivre Svitlana Poix : « Si on veut connaître un peuple, il faut écouter sa musique. »  

Mathias JANOT et Tara TRESSERES

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