Écologique, pratique, et…dangereux ? L’importante augmentation du nombre de cyclistes à Bordeaux ces dernières années – plus 50 % en 4 ans – s’est accompagnée d’une hausse significative du nombre d’accidents. A qui la faute ?
Dimanche dernier, une centaine de marcheurs ont bravé la pluie pour rendre hommage à Franck Page, un étudiant de 18 ans décédé le 17 janvier après avoir été percuté par un camion. Il effectuait ce jour-là une livraison à vélo pour la plateforme Uber Eats. Son accident n’est pas un cas isolé.
En 2017, Bordeaux Métropole a recensé 45 accidents corporels à bicyclette, dont 41 cyclistes blessés et deux tués. Si le nombre de cyclistes dans l’agglomération bordelaise a explosé en 2018 – 10,5% de plus qu’en 2017 – des endroits restent «particulièrement dangereux, au niveau des boulevards notamment » explique Alain Guérineaud, secrétaire de Vélo-Cité. L’association a pour but de promouvoir et de défendre l’usage du vélo dans la métropole bordelaise.
Malgré la présence de bandes cyclables sur les boulevards, la proximité des voitures, leur vitesse et le flux constant de circulation contribuent à mettre en danger les cyclistes, et à rendre leurs déplacements stressants. La route de Toulouse, ancienne entrée sud de Bordeaux, fait aussi partie de ces itinéraires à risque. Bien qu’elle soit un axe important de circulation, emprunté quotidiennement par de nombreux cyclistes, elle ne bénéficie pour le moment d’aucun aménagement cyclable.
Paradoxalement, de nombreux accidents surviennent dans des zones pourtant bien équipées : « l’attention des cyclistes et des automobilistes tend à se relâcher sur des trajets quotidiens », affirme Alain Guérineaud.
« Le principal problème est la cohabitation entre les véhicules motorisés, motos et scooters inclus, ainsi que les vélos. Il faut que l’attention soit portée sur les autres. »
Selon les enquêtes policières, plus de la moitié des accidents mortels est due au mauvais contrôle de l’angle mort par les conducteurs de camions. « En termes de dangerosité, il faut cependant souligner le fait que la plupart des accidents mortels de ces dernières années ont eu lieu avec des poids lourds. » précise Florent Coignac, en charge de la politique vélos et piétons à Bordeaux.
Des radars intelligents pour les angles morts
Pour réduire les risques, Bordeaux Métropole envisage plusieurs pistes. Des campagnes de sensibilisation ont été mises en place pour les conducteurs de poids lourds mais également pour les cyclistes : « une animation camion-angle mort permet aux usagers de comprendre les dangers que représentent les véhicules de gros tonnage ». Les participants peuvent monter dans les camions et se mettre à la place du conducteur. « En tant que cycliste, il faut avoir conscience que le camion ne voit pas tout », estime le responsable.
La collectivité locale développe une expérimentation en partenariat avec une société privée : des radars pour camion. Bordeaux métropole prévoit d’équiper les poids-lourds de systèmes d’alarmes embarqués qui détecteraient la présence de cyclistes.
Le progrès ne s’arrête pas là, des radars intelligents capables de prévoir la trajectoire de cyclistes devraient également voir le jour. « On le teste sur un ou deux bus et des camions bennes » précise Florent Coignac. Il le reconnaît cependant, équiper tous les véhicules n’est pas la solution ultime « plus il y a d’outils, moins les gens feront attention ».