Le Sirena et le Silver Dawn, deux paquebots de croisière, font escale à Bordeaux pour deux jours. Symbole du tourisme de masse, ces navires agacent les habitant·es et posent certaines questions environnementales.
Ce lundi 6 avril, deux nouveaux paquebots ont jeté l’ancre dans le port de Bordeaux, le Sirena et le Silver Dawn. Débutée en avril, la saison des croisières bat son plein à Bordeaux et continuera jusqu’en octobre prochain. Pendant la période, 47 escales de 34 navires différents sont prévues dans la capitale girondine.
À quai sur le port de la Lune, la taille de ces mastodontes impressionne. Le Sirena mesure 181 mètres de long et 26 mètres de large, et le Silver Dawn, encore plus imposant, atteint 212 mètres de long pour 27 mètres de large, soit l’équivalent de deux terrains de football. Au total, plus de 1200 touristes ont rejoint la capitale girondine pour une escale express. Le Sirena quittera le port ce mardi à 18h alors que le Silver Dawn prendra le large mercredi soir.
“C’est flippant”
Un spectacle loin de réjouir les habitant·es présent·es sur les quais à l’arrivée des paquebots. “Je trouve ça étonnant que ce genre de bateaux puissent encore circuler dans la Garonne, s’inquiète Hélène, bordelaise depuis plus de vingt ans. Ils sont beaucoup trop gros pour circuler ici”. Pour Marine, originaire de région parisienne, les deux navires représentent parfaitement le tourisme de masse. “C’est flippant, moi je ne pourrais pas. Forcément quand on voit ça on se dit que ce n’est pas très écolo.”
Critiqués pour leur impact environnemental et le modèle de consommation promu, ces croisières font débat du côté de la mairie écologiste. Certain·es élu·es poussent pour une limitation du nombre de navires, comme cela peut-être le cas à Venise depuis 2021. Mais c’est bien le port de Bordeaux qui est l’unique décisionnaire dans ce genre de situation. L’institution souhaite conserver un rythme d’environ 40 escales par an et met en avant la faible pollution engendrée par ces paquebots.
Une image à questionner
Pour les commerçant·es, les croisières représentent une manne financière non négligeable. “Quand les bateaux sont là, on sent tout de suite la différence, explique Jessica Castex, gérante d’une boutique de bijoux. Forcément s’il y a limitation, ça serait ennuyeux pour les commerces. Il faut garder un équilibre pour ne pas tuer le tourisme”.
Pour plusieurs associations environnementales, comme la Sepanso en Gironde, plus que les émissions des paquebots, c’est l’image qu’ils renvoient qui est à questionner. “Quand on voit ces énormes bateaux sur les quais, ça ne donne absolument pas envie de faire des efforts, détaille Daniel Delestre, président de l’association. Ça nous montre surtout qu’il ne faut pas toucher au sacro-saint tourisme de masse.”
Retrouvez le reportage complet dans le journal d’Imprimatur spécial radio.
Marius Joly