Samedi 7 mars, 24 membres du Comité Régional de Conchyliculture ont annoncé leur démission. En cause, des désaccords sur la négociation de nouveaux arrêtés concernant la régulation des dégustations et le territoire du Banc d’Arguin. Un acte politique pour les démissionnaires.
Coup de tonnerre chez les ostréiculteurs. 24 des 43 membres du Comité Régional de Conchyliculture (CRC) ont démissionné samedi 7 mars, à une semaine des élections municipales. Un geste collectif et brutal pour dénoncer le manque d’écoute lors des négociations d’un nouvel arrêté contrôlant l’ostréiculture. Ils critiquent notamment la diminution de leur territoire sur le Banc d’Arguin et la régulation des cabanes de dégustation.
Membre du CRC depuis 7 ans en tant que représentant de la commune d’Andernos, Mickaël Thiry, producteur arcachonnais est l’un des démissionnaires. Une décision qu’il assume, et qui est en partie politique. “Je le fais pour sauver l’huître arcachonnaise, défendre le territoire ostréicole, mais surtout faire remonter ces mécontentements au CRC.”
Mickaël Thiry affirme avoir démissionné pour faire prendre conscience aux professionnels mais aussi aux administrations que les ostréiculteurs de la région ont besoin de soutien et surtout de dialogue. “En ce moment ce qui se passe c’est de l’administratif, nous on a besoin de concret pour le Banc d’Arguin, dès demain. Or, au rythme où ça va on sait que ça ne bougera pas avant 3-4 ans”, déplore-t-il.
Interpeller les politiques locaux
Cette démission collective est un geste politique fort. “On tente, on verra ce que ça donne” L’ostréiculteur reconnaît que le Comité a peu de contacts avec les municipalités du Banc d’Arguin. Mickaël Thiry explique espérer que sa démission fasse bouger les choses et comprendre leur détresse aux élus locaux. Pourtant, Guy Lartigue, directeur de campagne de Jean-Jacques Eroles, maire sortant de La-Teste-de-Buch, affirme que le candidat divers droite candidat soutient les ostréiculteurs.
“Il y a quelques années, quand les ostréiculteurs avaient perdu une partie de leurs essaims, la mairie avait organisé des ‘mardinades’, des fêtes lors desquelles les ostréiculteurs pouvaient vendre leur production pour tenter de compenser la perte financière.” Mais il confesse que la municipalité ne peut pas faire grand-chose, car selon Guy Lartigue, ce ne sont pas des affaires qui relèvent de ses compétences.
A la Teste-de-Buch, du côté de l’opposition pour les élections, Patrick Davet, candidat divers droite, s’est déjà saisi de ce sujet pour en faire un enjeu électoral. « Le monde ostréicole est une part importante et non négligeable de l’économie de la ville. » Il inclut ainsi dans son programme un projet d’aménagement de la façade maritime. Le candidat se définit comme un “enfant du pays” et à ce titre affirme soutenir les ostréiculteurs dans leurs démarches. “Ils ont besoin d’une réglementation qui soit nette et précise.”
Non démissionnaire, Thierry Lafon, président du CRC est lui aussi peu convaincu par le soutien apporté par les municipalités. “Les mairies ne font pas preuve d’une limpidité totale. Les politiques locaux défendent à la fois l’activité économique et récréative du bassin, et en même temps l’environnement”, explique-t-il. Une situation qu’il dénonce. Un jeu d’équilibriste pour la mairie qui tente de contenter toutes les parties-prenantes. Ce manque de souplesse cause de tensions selon Thierry Lafon.
Au sein du CRC, Thierry Lafon reconnaît qu’il est nécessaire de faire prendre conscience aux collectivités et à la Préfecture de l’importance d’un dialogue pour la suite des négociations. En revanche, il ne valide pas vraiment les méthodes de ses confrères. “Je comprends leur ras-le-bol. Mais la politique de la chaise vide est la pire. Il vaut mieux rester et négocier.” Lors d’une réunion du CRC hier, Thierry Lafon a annoncé qu’il demanderait un vote de confiance le 17 mars.