À l’occasion de la semaine Bordeaux culture accessible, la municipalité met en lumière les initiatives inclusives bordelaises. Ce lundi, au conservatoire de Bordeaux, des professeures de danse et de musique ont réuni leurs élèves pour un atelier adapté : valides et non-valides se retrouvent sur un même pied d’égalité.

« Allez Farel, vas-y, la place des stars, c’est sur la piste », insiste Sean, le père du garçon touché par une mutation génétique. Farel est pris ce soir, d’une grande timidité. Les autres élèves, eux, arrivent au compte-goutte. Marie Chavanel et Juliette Sedes, professeures de musique, et Clarisse Pinet, enseignante en danse, ont l’habitude de donner chaque semaine des cours adaptés auxquelles les personnes valides et non-valides participent au Conservatoire de Bordeaux.
Ce lundi 1er décembre, dans le cadre de la semaine Bordeaux culture accessible, elles ont organisé un atelier de danse et musique «adapte » en commun. C’est une manière de faire découvrir la musique et la danse mais aussi d’initier de nouveaux élèves. Un maître-mot : l’égalité.

Des moments de liberté adaptés
Les élèves, de tout âge et aux diverses capacités physiques prennent place dans le cercle. Les trois professeures commencent par un éveil corporel. Tous, dans la limite de leur possible, suivent l’échauffement. Mains et bras levés, ils soufflent, se décontractent. Le corps est prêt. Marie Chavanel entame les vocalises. Chacun répète les montées de notes et les paroles de comptines. Tout le monde devient plus à l’aise. Farel observe de loin, assis sur le tabouret de la batterie. « Il a besoin de ces milieux adaptés pour lui et où il peut être libre », confie son père qui ne le quitte jamais des yeux.
Sous le regard de Farel, certains dansent et chantent, d’autres jouent des percussions. Marie, insiste : « personne ne doit se moquer, chacun fait ce qu’il veut ». De retour en cercle, les quinze participants dansent tour à tour au centre. À coup de manettes, Pascale, une habituée du cours, fait tourner son fauteuil au rythme de la musique. Adrien a plus de mal à se déplacer, mais à son allure, il invente une chorégraphie.

Un moyen d’accepter son handicap
Puis Constance, quinze ans, ose aussi. C’est un grand pas pour elle, explique Bénédicte, sa maman. « C’est bien, ça la décoince. C’est aussi une manière d’appréhender son corps et son handicap qu’elle n’accepte pas. Elle a plein de talent, mais elle est timide et, surtout, en crise d’ado ». Bien que Constance soit touchée par le syndrome de Williams, maladie génétique et chromosomique, elle a pu danser comme tout le monde. Ici, l’inclusivité est de mise lors de cet atelier. « C’est aussi le vivre-ensemble que nous voulons mettre en lumière », déclare Laura Antonini. Elle est porteuse de ce projet d’atelier, elle qui est chargée des publics, référente inclusion sociale et accessibilité culturelle à la mairie de Bordeaux. Elle continue, « il y a une hausse de projets municipaux comme celui-ci depuis quatre ans. On essaie de les coconstruire avec les personnes en situation de handicap. Ce sont les mieux placés pour exprimer leur besoin ». En 2024, selon le département, une personne sur six est en situation de handicap en Gironde. « La ville fait tout pour que ces personnes aient l’accueil qu’elles méritent », assure Laura Antonini.

L’inclusion de tous à leur juste valeur
Pour Margaux et Nina, aspirantes danseuses et élèves au conservatoire, c’est important de participer à ces ateliers intergénérationnels et inclusifs. « Dans notre carrière, on va être confronté tous les publics et à intégrer des compagnies de danse avec, peut-être, des non-valides ». Elles remarquent par exemple Pascale, une femme handicapée moteur, qui adapte ses mouvements malgré son fauteuil et comment Clarisse l’inclut comme une élève valide.

Au bout d’une heure où chacun a pu se dépenser, accompagnants et parents entrent dans la salle pour une quinzaine de minutes de restitution. Dans les yeux de Bénédicte, de Sean ou du papa d’Adrien, la fierté est plus que visible. Leurs enfants sont inclus à leur juste valeur.
Le spectacle est fini. Farel descend de son tabouret et lâche ses baguettes de batterie. Margaux et Nina enlacent Mada, une jeune trisomique. Constance court vers sa maman, c’est décidé, en plus de son cours de « musique adapte » de Marie du jeudi soir, elle intégrera dès lundi, les cours hebdomadaires de « danse adapte » avec Clarisse.
Jeanne OLAGNE
| Informations pratiques : La semaine Bordeaux culture accessible continue jusqu’à dimanche. Le programme est disponible sur le site de la ville : Cliquez pour retrouver tout le programme Atelier numérique pour les sourds, jeudi 4 décembre à 15h Visite en Langue des Signes Française (LSF) de l’exposition Aïta fragments poétiques d’une scène marocaine |





