Les habitants des communes situées sous la route aérienne principale de l’aéroport de Mérignac souffrent des nuisances sonores. Les résidents d’Eysines et du Haillan redoutent la suppression de la ligne sécante, qui concentrerait la totalité des passages aériens sur leur trajectoire. Une journée de travail s’organisait hier à Bordeaux Métropole pour débattre de l’avenir de cette piste.
Les clients de l’Intermarché d’Eysines défilent sur le parking. Le trafic de la route accompagne les chariots qui tressaillent contre le bitume. Pour l’instant, aucun avion provenant de l’aéroport de Mérignac, à 5 kilomètres à vol d’oiseaux d’Eysines, n’est venu accompagner la mélodie de la ville. Evelyne et Muriele discutent, toutes deux travaillent au supermarché : « On entend leur passage dans le magasin mais personne ne se plaint vraiment. C’est pas dérangeant. » Les clients sont aussi de cet avis. Quelques minutes plus tard, un Airbus passe dans le ciel. Son passage est loin d’être discret, pourtant, personne n’y prête attention. Cependant, ces nuisances sonores font l’objet de plaintes des habitants. Pour faire remonter leur colère, l’Association eysino-haillanaise de défense contre les nuisances de l’aéroport (AEHDCNA) a lancé une pétition en janvier, afin de protester contre la fermeture de la piste sécante. Celle-ci a pour l’instant récolté 3 381 signatures sur les 5 000 espérées. Xavier Petit, le directeur de l’AEHDCNA, souligne : « Notre priorité, c’est le maintien de la piste. » Si celle-ci était supprimée, une seconde ligne parallèle à la première serait construite pour permettre des décollages et atterrissages simultanés. Les habitants situés sous la route principale devraient donc supporter la totalité des passages. Xavier Petit précise : « Ceux qui reçoivent déjà 80% des nuisances risquent de passer à 100 %. »
Des nuisances même la nuit
La deuxième revendication de l’association concerne la réduction des vols, notamment de nuit. Nathalie vient récupérer un chariot : « Ils passent proche de chez moi, c’est insupportable. Avant ils s’arrêtaient à 23 heures, maintenant c’est encore plus tard. » L’été, certains avions atterrissent à 2, voire à 4 heures du matin, à l’aéroport. L’AEHDCNA n’a pas été conviée à la journée de travail organisée hier à Bordeaux Métropole, qui réunissait les représentants de l’aéroport et les maires des différentes communes situées sous les routes aériennes. Cette réunion avait pour but de discuter des problématiques de ces nuisances afin de trouver un compromis. Andréa Kiss, la maire du Haillan, comptait parmi les invités. Elle souhaite que les communes situées sous la route de la piste sécante bénéficient d’aides à l’insonorisation, au même titre que les habitants vivant sous la route principale. « Tout le monde doit bénéficier d’indemnisations, ça permettrait de garder la piste sécante en prenant toutes les communes en compte », y compris celles situées sous cette piste secondaire.
L’aéroport de Mérignac n’a pas souhaité s’exprimer. Il invite seulement les habitants dérangés par ces bruits à recourir à la procédure d’indemnisations sur son site. Cette aide, attribuée aux foyers habitant sous la ligne principale, se calcule à « 80 % du montant des études acoustiques et 80% des travaux dans la limite de plafonds financiers définis par la réglementation ».
« Les gens veulent prendre l’avion »
Si les citoyens de ces communes se plaignent des nuisances, pour Christian Broucaret, le Président de la Fédération nationale des association d’usagers des Transports (FNAUT), il faut prendre en compte les besoins des usagers. « On peut râler sur la fréquence des vols de nuit. Mais en journée, les gens veulent prendre l’avion ». Il précise : « L’aéroport a ouvert en 1910, donc les gens qui se sont installés là étaient au courant de ces nuisances. » Pour Nicolas, qui vit à Eysines depuis une trentaine d’années, « les avions qui passent ne sont pas dérangeants ». Le jeune homme est né ici et n’a jamais souhaité déménager. Il constate les nuisances, mais pour lui, « c’est juste un bruit de fond ». Suite à cette journée de travail, le Préfet réunira toutes les parties concernées mi-janvier pour statuer sur les décisions à prendre. Le sort de la ligne sécante n’est donc pas encore scellé.
Mélanie Bourinet