Après avoir voté en Assemblée Générale la semaine dernière, l’occupation de l’amphithéâtre Pitres, le « collectif » d’étudiants du campus de la Victoire a décidé une semaine plus tard d’investir la Cour d’Honneur de la faculté. Objectif : préparer la grande manifestation du jeudi 5 décembre et s’accorder sur les combats à mener pour dépasser la seule cause étudiante.
Malgré la fraîcheur matinale d’un mois de décembre, une vingtaine d’étudiants se s’est réunie le mercredi 4 décembre dans la cour extérieure du campus de la Victoire. Les premiers arrivés installent chaises et tables, sono, machine à café, tracts, papiers, stylo, et peinture, le tout dans une ambiance conviviale. Au programme : différents ateliers, musique, création de banderoles, réflexion autour des slogans à proposer et même une « cantine » gratuite. L’idée est de faire de ce rassemblement un événement ludique à même d’attirer les curieux qui ne se déplacent pas forcément en AG. Car, comme nous le confesse Anastasia (tous les prénoms ont été modifiés), étudiante en science de l’éducation, « le mouvement a du mal à fédérer au sein du campus de la Victoire ». Il faut dire que l’administration de la faculté n’aide pas. D’ailleurs, quelques minutes après s’être installé, le petit groupe se fait remonter les bretelles par les agents de la sécurité incendie, accompagnés d’un représentant de l’université. Ils reprochent aux étudiants d’avoir installé du mobilier dans la cour. Les étudiants ne lâchent pas et obtiennent gain de cause. Les préparatifs peuvent reprendre, pour ses fidèles de la première heure, engagés dans ce combat depuis le quinze novembre.
Dénoncer la précarité étudiante avant tout
Il aura fallu un drame pour qu’émerge un mouvement étudiant d’ampleur sur le plan national. Ce drame, c’est celui de l’immolation par le feu d’Anas K, 22 ans, étudiant à Lyon, le 8 novembre dernier. A la suite de ce geste c’est toute la communauté étudiante qui a décidé de se mobiliser pour dénoncer la précarité des jeunes. Comme le rappelle Vincent, étudiant à la Victoire, « c’est avant tout pour pointer la précarité que nous nous réunissons aujourd’hui. Même en étant diplômé d’un master de recherche, je vis avec 400 euros par mois. ». En suivant le fil des discussions, tous sont unanimes, la vie étudiante est difficile. Et les exemples de situation de précarité ne manquent pas : « vivre à crédit alors qu’on n’est pas majeur », « travailler et étudier pour manger et payer son loyer » voilà ce qui est écrit sur les différentes pancartes qui recueillent les témoignages d’étudiants.
Les étudiants appellent à la convergence des luttes
Pour Vincent comme pour Anastasia, la manifestation de jeudi est surtout un moyen d’exprimer un ras-le-bol généralisé. « La mobilisation répond à une lutte contre les lois libérales promulguées depuis plusieurs années, on se bat contre une idéologie », précise Vincent. C’est d’ailleurs dans cette optique que de nombreuses AG interprofessionnelles, réunissant lycéens, cheminots ou encore « Gilets jaunes » ont été organisées ces dernières semaines. Et quand nous demandons aux étudiants pourquoi cette convergence arrive si tard, chacun a ses hypothèses. Pour Anastasia « la réforme des retraites cristallise toutes les tensions parce qu’elle touche tout le monde et tous les secteurs », quant à Vincent la raison de cette union de circonstance est liée un effet d’annonce « tout le monde attend depuis longtemps cette date du 5 décembre pour rassembler ses forces ».