Les Français·es voient leur budget de Noël diminuer : cette année, il s’établit à 491 euros, selon l’étude de CSA Research – soit le niveau le plus bas depuis huit ans. Pour répondre aux contraintes financières de leurs client·es, les commerçant·es bordelais ajustent leurs propositions.

« On sent que les clients ont un budget plus raisonnable », affirme Lilian Séguier, responsable de la cave à vin Cousin & Compagnie, située dans le quartier Saint-Pierre à Bordeaux. Dans ce magasin aux étagères en pin garnies de bouteilles jusqu’au plafond, l’ambiance est chaleureuse. Mais pour ce qui est des achats de Noël, l’affluence se fait attendre. Entre deux rangées de grands crus, Lilian Séguier observe le changement : « Les années précédentes, les clients se pressaient début décembre pour acheter champagne, vin rouge, grands crus… Aujourd’hui, il y a beaucoup moins de monde à cette période : ils attendent la dernière minute et se tournent vers des bouteilles à 15–20 euros, pas plus. »
En effet, pour la première fois depuis huit ans, le budget total prévu par les Français·es pour Noël atteint son niveau le plus bas : 491 euros en 2025, soit 6 euros de moins que l’an dernier, selon une étude CSA Research pour Cofidis. Pour faire face à cette baisse de budget, la boutique ajuste son offre. Le caviste met en avant des coffrets de trois bouteilles proposés à un tarif réduit. Le magasin dévoile également chaque jour une bouteille de son « Calendrier des Introuvables de l’Avent », une sélection de cuvées rares pensée pour renforcer l’attractivité de la boutique pour ce mois de décembre. Côté jouet, même constat, Baptiste Cabanne, vendeur de jeux de société à La Grande Récré, explique comment le magasin s’adapte pour rester attractif : « On a eu le Black Friday, mais on continue les offres. On propose un calendrier de l’Avent avec une promo par jour. Par exemple, on a moins 20 % sur tous les produits Playmobil. »
Prioriser le repas ou les cadeaux ?
Dans les rues de Bordeaux, le repas reste la priorité des dépenses de Noël. Au détour de la place du Parlement, Patrick, professeur, affirme : « Pour moi, le budget du repas de fête, c’est le plus important. Quand on pense à Noël, on se souvient d’abord des bons repas, alors je ne fais pas l’impasse dessus. » Un choix qui se confirme derrière les vitrines. À la boucherie Paulin – Chez Antoine & Monica, ancrée dans le quartier de Saint-Seurin-Fondaudège, l’agitation est déjà bien installée. Entre les appels pour les commandes et la file d’attente qui s’étire, Monica Gonzalez, bouchère, voit chaque année la même certitude revenir : « Les Français renoncent peut-être à certaines dépenses, mais pas au repas de Noël. Le chapon, la dinde, la pintade… ça part toujours. » Si le menu reste le même, le budget, là aussi, se resserre : cette année, il s’élève à 123 euros, soit 9 euros de moins que l’an dernier.
Mais c’est surtout sur le budget cadeaux que les ménages se serrent le plus la ceinture : 26 euros de moins par rapport à l’an dernier, pour un budget qui s’établit à 297 euros. Dans les rues bordelaises, Antoine, étudiant, raconte : « Il y a toujours quelques promos pendant cette période, alors je fais mes achats en fonction de ça. Je veux faire plaisir sans exploser le budget. » Plus loin, Anaïs, auxiliaire de vie, dit viser 200 euros de budget pour les fêtes : « On s’adapte, mais on ne renonce pas à la convivialité. Juste… on compte tout : le prix des transports, du repas, de la décoration, des cadeaux… » Et dans les magasins, cette prudence se confirme. À La Grande Récré, Baptiste Cabanne explique : « Quand on présente aux clients des cadeaux un peu plus chers, ça ne se vend presque jamais. Les familles préfèrent rester sur les gammes de prix qu’elles ont prévues. » Cette prudence dans les achats se reflète également dans les habitudes des consommateurs·ices pour trouver des alternatives au neuf. Claire, employée de bureau, confie : « Je regarde souvent les braderies et les sites de seconde main pour trouver des cadeaux sympas et abordables pour toute la famille. »
Lucy BEN HAMOU

