A Bordeaux la ville souhaite mieux vivre avec les pigeons

Un pigeonnier est placé sur les quais, près du pont de pierre
Le premier pigeonnier contraceptif bordelais a été installé sous la municipalité d’Alain Juppé © Clément Haritzhandiet

Depuis 2022, la mairie de Bordeaux s’efforce de rétablir la place des animaux en ville en mettant en place des solutions éthiques pour réguler la population de pigeons. 

Bordeaux veille au grain. En octobre 2021, la ville décide de mettre en place un moratoire sur les captures de pigeons. Jusqu’à cette date, la mairie utilisait des cages à trappes, placées dans des endroits stratégiques et garnies de divers appâts. Une fois capturés, les pigeons étaient euthanasiés par gazage au CO2. Durant des décennies, la ville de Bordeaux a tué 7 000 pigeons par an. Selon Francis Feytout, conseiller municipal chargé de la condition animale à Bordeaux, « c’était inacceptable. Lorsque j’ai découvert ce procédé, je l’ai immédiatement fait arrêter. » Chaque année, la ville compte environ 5 000 pigeons. « Pour une ville de la taille de Bordeaux, ce n’est pas énorme », précise le conseiller municipal. « Depuis l’arrêt des mesures létales, le nombre de pigeons n’a absolument pas augmenté. Il n’y a donc pas d’urgence à gérer ce  “problème”. »

Des mesures concrètes 

Mais quelles actions concrètes ont été mises en place ? Depuis un an, la ville de Bordeaux, par l’intermédiaire des agents de la Métropole a multiplié les initiatives pour stabiliser la population de pigeons et déplacer ceux qui nuisent. « Nous avons installé un second pigeonnier contraceptif au cœur du Parc Bordelais [le premier avait été placé près du Pont de Pierre sous la municipalité d’Alain Juppé, NDLR] », se réjouit Francis Feytout. « Des prestataires assurent le bon fonctionnement des pigeonniers. » 

Pour limiter la prolifération, un agent de la ville retourne certains œufs, ce qui brise la poche de jaune et les rend non viables. Dans des lieux stratégiques, tels que les écoles, un suivi constant est effectué. « Certaines écoles ont de petites ouvertures dans leur toit, où les pigeons viennent nicher. Pour éviter les risques sanitaires, nous solidifions la charpente et colmatons les trous. Bien que ces maladies ne soient pas dangereuses pour l’Homme, nous préférons ne prendre aucun risque avec les enfants. », conclut le conseiller municipal.

Le fléau du nourrissage sauvage

L’Association de conseil espaces de rencontres entre les hommes et les oiseaux (AERHO) est partenaire de la ville de Bordeaux depuis 2022. Elle s’est concentrée sur le traitement des signalements concernant des populations de pigeons trop importantes à certains endroits de la ville. « La cause principale de l’excès de pigeons est souvent le nourrissage sauvage », explique Didier Lapostre, président de l’association AERHO. Souvent, les personnes qui nourrissent les pigeons sont en situation de décrochage social et cherchent à combattre la solitude en établissant un lien avec les oiseaux. L’association prend alors contact avec elles et tente de créer un lien. « Nous organisons des médiations avec les nourrisseurs sauvages. En parallèle, nous conseillons aussi les personnes victimes de nuisance. », détaille Didier Lapostre. « Notre objectif commun avec la ville de Bordeaux est de concilier la présence des animaux en ville et l’absence de nuisances. »

Clément Haritzhandiet

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