Le rap évolue musicalement, mais surtout il grandit. Et vite. Souvent caricaturé comme une sous-culture, le rap a pris son envol. Festivals, concerts, ventes… Le hip-hop est partout, son appétit est grand, laissant les miettes aux autres genres musicaux.
En 2017, le rap a tué le père. Les chiffres ? 25,1% d’américains seraient auditeurs de rap, dépassant le rock avec 23% de fidèles. Une première. La fin d’un règne historique. En France, le deuxième marché mondial, le rap était déjà le genre le plus écouté depuis 2015. Une popularité grandissante, vouée à un bel avenir. Genono, journaliste pour Noisey et Le Mouv’ l’affirme : « Le rap est très clairement la musique la plus populaire auprès des moins de 25 ans. » Et il a sa petite explication par rapport à son développement : « Le rap a commencé en véhiculant entre autres une image subversive et un message de contestation, avant d’être récupéré par l’industrie du disque et de finir par être accepté par les institutions. »
« Prochain album, je veux 600k ! » Voilà ce que chantonne Vald dans son tube « Désaccordé ». Il n’a pas les 600 000 ventes espérées, mais 100 000 déjà en 2018, synonyme de disque de platine pour « XEU », son dernier album sortir le 2 février. Les ventes rap surclassent la concurrence. En 2017, Damso, Booba, Jul, PNL, Niska, Nekfeu en sont les figures du proue… Elles portent le rap au sommet. À titre de comparaison, seuls Vianney (385 291 ventes d’album), Claudio Capéo (298 285) et la compilation de Johnny Halliday figurent dans le top 10 des ventes. Évidemment, la consommation de la musique rap a été dopée par la numérisation des disques. Par exemple, aucun album de rap sorti en 2015 n’avait atteint le disque de platine. En 2016, seulement trois. Alors qu’en 2017, le chiffre a quadruplé : treize disques de platines.
Les festivals justement, véritable symbole de la popularité et de l’ampleur qu’a pris la musique rap. Au regard de cette année 2018, les Vielles Charrues, Garorock, Coachella, Lollapalooza, tous y passent. Alors qu’auparavant, les rappeurs performaient lors d’événements spécialisés dans le hip-hop. Du fait de sa diversité musicale, le rap a touché de nouvelles personnes. « L’élan, tu le ressens surtout en concert, le public est différent. Il s’est énormément rajeuni. Avant c’était que des gens de 25-30 ans, des aficionados de rap. Désormais, c’est généralisé, il y a énormément de filles, des fois on se retrouve avec 75% de filles alors qu’avant il y en avait 10% », observe Keurspi lors de ses concerts. Les rappeurs enchaînent les plus grandes salles. À titre de comparaison, Booba, lui, est trop important pour un « simple » zénith. En octobre 2018, il sera à l’affiche de la UArena pouvant accueillir jusqu’à 40 000 personnes. Seuls les Rolling Stones et l’ex-Pink Floyd Roger Waters avaient eu l’occasion d’être sur la scène de la plus grande salle couverte d’Europe. Une vraie vie de rockstar, non ?