Ce week-end, le collectif bordelais « pour une cantine sans plastique » se retrouve à l’espace Darwin pour diffuser une pétition contre l’usage d’assiettes en plastiques contenant du copolyester dans les établissements scolaires de la ville. Rencontre avec Maylis Rabaud, membre de l’association.
Maylis Rabaud, membre du collectif, est mère de trois petites filles scolarisées à Bordeaux
Vous lancez une pétition ce week-end, quelles sont vos revendications ?
On demande purement et simplement l’arrêt de l’utilisation de ces assiettes dans les cantines de la ville de Bordeaux et le retour à des assiettes en céramique. Il faut aussi cesser d’utiliser des barquettes en plastique pour réchauffer les aliments car c’est aussi très dangereux pour la santé des enfants. Quand on sait qu’environ 15 000 élèves mangent tous les midis dans leur établissement scolaire, je ne peux que m’alarmer.
Quelles sont les preuves montrant que le copolyester serait dangereux ?
La question des perturbateurs endocriniens concerne beaucoup de monde : l’INSERM et le CNRS s’accordent à dire qu’il faut éviter de s’exposer fréquemment à ce genre de produits, même à des doses infimes. Il a été prouvé que le bisphénol A et le phtalate, molécules contenues dans le plastique, peuvent causer dans le pire des cas des cancers. Les nouvelles normes spécifient qu’il n’y en a pas dans les assiettes de nos cantines, donc théoriquement elles sont en règle. Cependant, des analyses demandées par la municipalité ont été réalisées sur ces ustensiles. La composition de beaucoup de molécules contenues dans ce plastique est inconnue, ce qui pose un problème sur leur conséquence sur la santé au long terme. La mairie devrait donc respecter un principe de précaution : l’innocuité de ces assiettes n’est pas prouvable. Rappelons que l’usage de l’amiante, par exemple, a été interdit bien après les premières alertes sur sa dangerosité.
Quand est-ce que l’utilisation de ces assiettes vous a alarmée ?
En janvier, lorsque ma fille m’a dit : « maintenant, on mange dans du plastique ». J’ai d’abord pensé que c’était transitoire, puis c’est en lisant une série d’articles publiés à ce sujet que j’ai réalisé que c’était une vraie décision de la municipalité.
La mairie a remplacé les anciennes assiettes, plus lourdes, pour le confort du personnel de la cantine, ainsi que pour des raisons environnementales car elles sont « complètement pérennes ». Ces arguments ne sont-ils pas suffisants ?
Le copolyester utilisé a été évalué par l’ANSES (NDLR: Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’Environnement et du travail), qui a déclaré que les assiettes ne pouvaient subir que 500 lavages avant de commencer à se détériorer, soit après 2 ans et demi d’utilisation. Le « complètement pérenne » défendu n’est donc pas si valable que ça. Maintenant, l’argumentaire de la mairie est qu’au bout de ces 2 ans et demi, des analyses seront effectuées pour vérifier si elles sont encore utilisables. Mais qui va financer ces analyses, justement ? Sur quels critères se base-t-on pour vérifier leur norme ?
Et concernant le personnel de cantine, comment envisagez-vous leurs problèmes de santé ?
La réponse naturelle à apporter est de proposer plus d’agents de cantine. Il faut aussi proposer de mieux les accompagner, notamment en terme de médecine de travail. Il faut leur donner des rendez-vous plus fréquents chez le kinésithérapeute et travailler sur l’ergonomie des cantines.
Êtes-vous soutenus par d’autres associations en France ?
Il existe deux associations similaires à Montrouge et Strasbourg. Avec Strasbourg, on est en train de voir comment mener une action collective. On aimerait que ce soit un sujet sérieusement pris en compte par les candidats à la présidentielle, car le seul qui le fait pour l’instant, c’est Benoît Hamon.
Propos recueillis par Kathleen Franck
Le collectif peut être retrouvé sur Facebook et Twitter ici et là.