Quatre collèges de l’agglomération bordelaise viennent de participer au Trophée d’impro Culture et Diversité, organisé par la Compagnie du coin tranquille. Au programme, deux heures de matchs d’improvisation, une pratique théâtrale qui favorise avant tout la rencontre, l’échange et le vivre ensemble.
« Qui a peur ? Qui veut jouer ? Est-ce qu’on a des volontaires pour être arbitre assistant ? ». 13h30, l’auditorium de Pessac est en ébullition. Une cinquantaine de jeunes vient d’envahir les lieux. Manuela Azevedo, référente artistique de la Compagnie du coin tranquille, garde son calme. « Que chaque coach retrouve son groupe ! Allez tous vous changer, vous préparer, vous entrainer, les premiers matchs commencent à 15h ! », s’exclame-t-elle. Pour les élèves, la pression monte. « Un peu de stress mais je suis prête », assure Maÿlis, élève en classe de quatrième au collège Blanqui de Bordeaux.
Blanqui et Léonard Lenoir de Bordeaux, François Mitterrand de Pessac et Gaston Flament de Marcheprime, les quatre collèges sont venus s’affronter lors des premiers matchs du Trophée d’impro. Développé par la Fondation Culture et Diversité, ce programme national a pour objectif de permettre à des collégiens scolarisés dans quarante-cinq établissements de toute la France, qui relèvent principalement de l’éducation prioritaire, de pratiquer l’improvisation théâtrale. Depuis octobre dernier, ils participent à des ateliers sur leur temps scolaire afin de préparer comme il se doit les matchs d’impro en public.
Outil de développement personnel
Dans les vestiaires, chaque coach tente de motiver ses troupes. « On ne force personne, ceux qui veulent y aller, y vont. Vous êtes là pour vous faire plaisir ! », répète Mathieu, l’un des intervenants artistiques de la Compagnie du coin tranquille. Depuis le début de l’année scolaire, il dirige chaque semaine les ateliers d’impro auprès des collégiens de Gaston Flament. Pour lui, l’improvisation est un véritable outil de développement personnel, un point de vue partagé par Catherine Durou, conseillère principale d’éducation de l’établissement de Marcheprime. « L’improvisation permet à chacun de s’épanouir. Les plus timides comme les plus extravertis ou les élèves dissipés, tous s’y retrouvent et gagnent confiance en soi. C’est un moyen de travailler l’écoute, la coopération et la tolérance. » explique-t-elle.
La motivation des acteurs est essentielle avant toute entrée en scène
15h. Le public a pris place. Après quelques minutes d’échauffement sur scène, les quarante-huit élèves présents peuvent enfin disputer leur premier match. Entre Improvisations mixtes – deux équipes improvisent ensemble – ou comparées – une seule équipe improvise –, les collégiens disposent de 3 minutes à 30 secondes pour inventer des histoires sur des thèmes imposés.
« Raconter des histoires ensemble »
« Les ondes Alpha », « Pirate 3 ne répond plus », « Ahahah… Paff ! »… Les élèves font appel à leur imagination, le tout, sous l’œil attentif de Papy, l’arbitre de la rencontre. A quelques occasions, les acteurs peinent à construire un récit lors des improvisations mixtes, faute de cohésion. Papy dégaine alors son sifflet. « Faute de jeu ! », s’écrie-t-il. « On veut voir du théâtre, faites vous plaisir ! Acceptez les idées de l’autre, jouez ensemble, racontez-nous des histoires ensemble. »
L’arbitre veille au respect des valeurs du match d’impro : l’écoute, le partage et le vivre ensemble
En deux heures de scène, les indications de Papy sont appliquées à la lettre. La victoire revient au collège Blanqui mais au fond, il n’y a ni gagnant, ni perdant. Comme le rappelle Grégory Pagano, délégué général de la Fondation Culture et Diversité, « il n’y a rien à gagner en terme de compétition. L’idée est de promouvoir la pratique de l’impro et surtout, de faire se rencontrer des jeunes qui ne se côtoient pas forcément, qu’ils puissent avant tout échanger ensemble. »
Dans les vestiaires, les élèves du collège Blanqui de Bordeaux célèbrent leur victoire
Six collégiens des quatre collèges confondus ont été sélectionnés pour participer à la demi-finale du Trophée, le 5 mai prochain à Limoges, dernière étape du championnat avant la finale nationale qui se déroulera le 22 mai au Théâtre le Comédia, à Paris.
Valentin Gény
A quoi ressemble un match d’impro ?