« Jusqu’au bout de cette campagne, nous aurons à tenir cette révolution culturelle et politique qui repose sur 3 termes : renouvellement, alternance et rassemblement. »En meeting à Talence, jeudi soir, Emmanuel Macron a largement insisté sur sa volonté d’incarner le candidat du « renouveau ». Un refrain bien accueilli par ses sympathisants.
A la sortie du meeting, les éloges vont bon train. Tous voient en Emmanuel Macron la figure de l’homme providentiel. Il faut dire que les derniers remous au sein du camp Fillon font la part belle au candidat d’En Marche ! Mais Emmanuel Macron incarne-t-il le renouveau dont il se revendique ? Et de quel renouveau est-il question ?
Ni de droite, ni de gauche… ou de droite et de gauche ?
« Les Français sont fatigués. » Emmanuel Macron s’évertue à expliquer que son parti, « ni de droite, ni de gauche » a vocation à renverser l’ordre ancien du clivage gauche/droite qui n’a d’autres conséquences que d’embrouiller l’esprit des citoyens.
« En Marche! est l’émergence d’une énergie nouvelle en politique parce que la politique appartient aux Françaises et aux Français. »
Son mouvement politique surfe sur le désir d’une majorité de Français à élire un président non affilié à un parti. En novembre 2016, un sondage Harris Interactive révélait d’ailleurs que 73% des Français y étaient favorables. Mais sur la forme, En Marche ! a exactement les mêmes ambitions qu’un parti politique classique. Le même vocabulaire pourrait-on dire. Tous bords confondus, les candidats à l’élection présidentielle se réclament d’un certain renouveau : du Parti socialiste, face à Sarkozy et Juppé, démocratique pour une VIe République. Tous, prétendent incarner ce renouveau… dont on n’est plus sûr qu’il ait vraiment un sens.
« Peu importe » disent ses partisans. Tout ce qu’ils veulent, c’est le renouvellement de la classe politique, plus que le refus des partis politiques. Ce qu’Emmanuel Macron a bien compris, et ce pour quoi il a initié ce mouvement. A Talence, le candidat a d’ailleurs tenu à rassurer ses sympathisants : « l’engagement du renouvellement persistera parce qu’il est le cœur de la promesse et se traduira par l’émergence de visages nouveaux. » Voilà qui est dit. Mais cela suffit-il à faire d’Emmanuel Macron, un candidat hors-système ? Pas si sûr.
Pauline Rouquette
(Vidéo de Manon Monnier)