Pas de trêve de Noël pour la pauvreté. D’après le dernier baromètre Ipsos-Secours Populaire, un Français sur cinq déclare vivre dans une situation précaire. Face à cette hausse, les associations solidaires proposent de faire des courses de Noël à prix réduits, comme à la braderie du Secours Populaire de Cenon.

« Cela vous fera 23 euros », déclare Coralie à Laurence depuis la table pliante qui lui sert de caisse à l’Espace municipal Nelson Mandela. En ce mois de décembre, le comité local du Secours Populaire de Cenon se mobilise pour que la précarité ne vienne pas gâcher la fête. Le 6 et 7 décembre derniers, quarante bénévoles ont organisé une braderie solidaire. Il y en a pour tous les âges : jouets pour enfants, vêtements et livres, qui sont pour la plupart des dons.
« Vendre à petit prix pour que tout le monde ait un cadeau sous le sapin »
Une occasion que Laurence n’a pas laissée filer malgré la fatigue. Happée par le panneau Secours Populaire alors qu’elle rentrait d’une garde à l’hôpital, la cinquantenaire repart avec douze articles à prix cassé. 23 euros : c’est ce que lui a coûté des vêtements à sequins, quatre pulls « moches » à flocons et autant de paires de chaussettes. Une session shopping improvisée et rentable pour celle qui garde toujours un œil sur ses dépenses, surtout en cette période : « Je dois faire des cadeaux à mes quatre enfants, mon petit-fils et mon mari. Je sais que j’ai un petit budget donc ici, je peux faire plaisir à mon niveau », explique-t-elle en rangeant son panier.
À Cenon, l’une des communes les plus pauvres de la métropole, l’action d’associations solidaires est indispensable. En 2021, d’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), 28 % des habitant·es de Cenon vivaient sous le seuil de pauvreté en 2021, soit 13 points de plus que la moyenne de la métropole la même année. Alors, dans la salle municipale de la ville, « on vend à petit prix pour que tout le monde ait un cadeau sous le sapin. On s’adapte. On ne fait pas payer quand on voit que ça n’est pas possible », rappelle Coralie, bénévole de longue date au comité local de Cenon, où elle a grandi.
1 Français sur 5 se déclare précaire
En France, d’après le dernier baromètre Ipsos-Secours Populaire, un Français sur cinq déclare vivre dans une situation précaire, ce qui pousse aussi les commerçant·es à s’adapter. À la braderie, cette hausse de la précarité se traduit par un public diversifié : « Avant, on voyait toujours les mêmes familles du quartier. Maintenant, on voit des têtes que l’on ne connaît pas, auxquelles nous n’aurions pas pensé », observe Coralie avec son serre-tête rennes vissé sur la tête. Un constat que partage Fouzia, la responsable animation du comité local qui, entre deux cartons de dons, précise : « Actuellement, on a beaucoup de personnes migrantes, parfois sans-papiers, qui connaissent des difficultés intenses. Pour nous, c’est inacceptable. »
Pour répondre à la forte demande, le comité du Secours Populaire de Cenon multiplie les ventes solidaires les week-ends. Avant les fêtes de Noël, l’antenne organise un événement autour de l’arbre de Noël ce 20 décembre à 15 heures et un loto le lendemain à 14h30, toujours salle Nelson Mandela.
Inès CARISSIMI

