Exportations en berne : le vin de Bordeaux rattrapé par la déconsommation mondiale

Le principal objectif de l’arrachage des vignes est le rééquilibrage de l’offre et de la demande. Autrement dit, adapter, voire viabiliser, économiquement les exploitations viticoles face aux évolutions conjoncturelles du marché. À ce jour, les professionnels du secteur ne peuvent que déplorer la baisse généralisée de la consommation de vin au niveau mondial. Or, les exportations représentent environ 45% du marché pour les vins de Bordeaux, concentrées essentiellement sur quelques « clients » dont les États-Unis, la Chine et l’Union Européenne (UE).

Données sur 12 mois cumulés (en %) de l’évolution des exportations des vins de Bordeaux, entre les périodes de juillet 2024/août 2025 et juillet 2023/août 2024

Selon le bilan des douanes françaises, la commercialisation du vin de Bordeaux entre juillet 2024 et août 2025 présente un net repli. En effet, avec près de 1,2 million d’hectolitres vendus et 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires en un an, les exportations de vin de Bordeaux ont reculé de 6,7% en volume et de 1,4% en valeur.

À l’exception des États-Unis, la baisse est généralisée sur l’ensemble des principaux marchés. À titre d’exemple, sur cette période, la Chine voit ses importations en volume reculer de 40%. Une chute vertigineuse qui s’explique en partie par la montée en puissance d’un patriotisme économique et la promotion de la production nationale par Pékin. Désormais, la superpuissance asiatique n’est plus le principal importateur (en volume) de la viticulture girondine.

Ce sont les États-Unis qui prennent la première place du classement avec des expéditions qui progressent de 7% en volume (et 16% en valeur). Par conséquent, le pays cumule, à lui seul, plus de 15% des exportations totales de vin de Bordeaux. Cette augmentation s’explique notamment par un effet d’anticipation, avec la constitution de stocks de précaution avant l’entrée en vigueur des taxes douanières en avril 2025. Aujourd’hui, les vins français sont taxés à 15 % à leur entrée aux États-Unis.

Du côté de l’UE, qui représente presque un tiers de l’export, le constat est le même. Au total, les volumes exportés sont en retrait de 6,8 % sur la dernière année, avec des situations très diverses selon les pays membres. Dans l’ensemble, la « déconsommation » de vin et la mauvaise conjoncture économique du continent expliquent ce recul.

Tara TRESSERES & Mathias JANOT

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