À Lormont, une rencontre entre citoyens et élus pour promouvoir la démocratie participative

Lors des « Rencontres citoyennes », le maire et ses adjoints se confrontent aux sollicitations des Lormontais. Ce mardi 2 décembre se tenait une édition pas comme les autres : la dernière avant les municipales. Une initiative citoyenne qui n’est pas inédite en France.

Le maire de Lormont, Jean Touzeau, répond à la question de l’un de ses administrés, accompagné par deux de ses adjoints. ©Louis PERRET

Dans l’est de Lormont, des dizaines de personnes s’entassent tranquillement dans une des salles de l’École Verte du Grand Tessan. Le 2 décembre se déroulait l’une des sept « Rencontres citoyennes » annuelles, une pour chaque quartier qui composent la ville de Lormont. Cette-fois ci, c’était la dernière avant les élections municipales.

Lors de ces « Rencontres », les habitants des différents quartiers de Lormont sont invités, par le maire et ses adjoints, à évoquer les sujets qui les préoccupent au quotidien. Un atelier de coconstruction est ensuite organisé, autour des sujets qui ne trouvent pas de consensus : « Dans l’un des quartiers, nous avions un problème lié à la vitesse de circulation. Plusieurs propositions ont été formulées. En faisant collaborer les habitants et les services, on a trouvé la solution la plus adaptée », détaille Yasmina Boultam, adjointe à la Vie associative et à la citoyenneté de Lormont, chargée de l’événement et du quartier Lormont-Est, où se déroule la réunion.

Ce rendez-vous, qui s’est inscrit dans le processus décisionnel de la ville, rencontre un certain succès : « Le technicien n’a pas toutes les réponses, le citoyen a un regard plus pragmatique. L’intelligence collective, ça fait partie de l’ADN de Lormont », selon Yasmina Boultam.

En France, des dispositifs de démocratie directe, c’est-à-dire la volonté d’élargir la participation des citoyens à la décision politique, se sont matérialisés de différentes manières. À l’échelle nationale, des conventions citoyennes sur le climat et sur la fin de vie ont été organisées en 2019 et en 2022. Localement, les habitants sont investis dans des budgets participatifs ou des ateliers collaboratifs : à Angoulême, à Narbonne ou à Paris, par exemple.

La parole aux enjeux du quotidien

À Lormont, les premiers doigts se lèvent pour parler de passages piétons, de stationnement, de voirie… Une femme ôte la parole à l’édile pour évoquer le cas d’une route dangereuse devant une école. Le maire de Lormont, Jean Touzeau, termine à peine sa réponse, qu’il est questionné sur l’entretien d’un parc. Il convoque l’adjoint chargé de l’urbanisme, qui promet de régler le problème. Les décisions sont prises devant nos yeux.

L’équipe municipale revient ensuite sur les engagements pris lors de l’atelier de coconstruction de l’année dernière. Selon les chiffres donnés par la mairie, sur les dix-sept engagements pris, douze ont été réalisés. Pour Francis, qui vient à l’évènement tous les ans : « C’est utile, on peut faire remonter les problèmes du quotidien, dialoguer avec des gens de la mairie. Mais parfois, ça prend du temps. »

Le sujet d’un miroir routier, qui n’a pas été déplacé à la suite d’une décision de Bordeaux Métropole, sème la discorde dans la salle. Certains sont presque révoltés. La mairie concède, elle n’a pas la main sur tous les sujets, mais fait remonter les revendications des habitants. « Avec la mairie, ça se passe pas trop mal. En revanche, la métropole n’écoute rien et ils ont trop de règles », renchérit Francis. « Ils ont des contraintes, tout est une question d’argent », ajoute Chantal, une habitante du quartier.

La principale contrainte pour les décideurs : trouver des compromis. Une participante prend à partie les élus suite à la suppression du stationnement dans l’une des rues de la ville, elle ne comprend pas ce choix. L’adjoint tente de lui expliquer la décision : alors que certains habitants souhaitaient continuer à se garer près de chez eux, d’autres, plus nombreux, voulaient supprimer les places de parking. « Le mot d’ordre, c’est l’intérêt général », résume Yasmina Boultam, même si ça ne satisfait pas tout le monde.
Malgré la salle comble, la reconduction de cette initiative est conditionnée à la réélection de la liste du maire en mars prochain. Les Lormontais présents mardi soir, eux, souhaiteraient pouvoir continuer l’expérience.

Louis PERRET

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