Les instituteurs remplaçants se mobilisent contre l’application d’une réforme nationale qui vise à modifier leur statut. Une reconduction de la grève a été adoptée et sera effective à partir de lundi prochain. Delphine Marin, syndicaliste Force Ouvrière, nous précise les raisons de leur mécontentement.

Devant la Direction des Services Départementaux de l’Éducation Nationale, une soixantaine d’instituteurs remplaçants ont protesté contre la fusion de leur statut ce lundi 1ᵉʳ décembre. En Gironde, deux types de remplacement subsistent : les enseignants en Zone d’Intervention Localisée (ZIL) effectuent leurs remplacements au pied levé dans des circonscriptions délimitées tandis que les enseignants « Brigade » remplacent des absences anticipées dans tout le département.
En 2017, une circulaire visant à supprimer ce distinguo avait déjà été adoptée au niveau national. En théorie, il n’y a plus de distinction entre remplacements courts et longs. Les professeurs remplaçants peuvent donc être envoyés dans tout le département, même si ceux affectés à une circonscription interviennent en priorité dans leur zone de rattachement. L’objectif de cette mesure est de créer un vivier unique de titulaires remplaçants pour simplifier et uniformiser leur gestion.
Face à la colère des syndicats en Gironde, le département avait obtenu une dérogation pour conserver la distinction entre ZIL et Brigade. Mais le nouveau Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale (DASEN) nommé en avril, M. Pestel, est revenu sur cette décision et veut faire désormais appliquer le décret national en Gironde.
Delphine Marin, Secrétaire de la Fédération Nationale de l’Enseignement, de la Culture et de la Formation Professionnelle à Force Ouvrière (FO) en Gironde, est elle-même remplaçante en ZIL. En première ligne face à ce projet de fusion, elle et son syndicat ont porté un appel à la grève lundi 1ᵉʳ décembre soutenu par la CGT Educ’action et reconduit à partir du lundi 8 décembre. Elle nous explique leurs revendications.
Pourquoi vous opposez-vous au regroupement des ZIL et des Brigades ?
Il n’y aucune raison de fusionner les deux statuts aujourd’hui. Ça fonctionne bien. La Gironde est le plus grand département français. Cette réforme, qui forcera les professeurs remplaçants à parcourir encore plus de kilomètres, ne peut s’appliquer sur notre territoire.
Quelles seraient les conséquences de ce remaniement ?
Comme les 270 postes de ZIL, spécifiquement dédiés aux imprévus, seront intégrés aux Brigades, les remplacements spontanés ne seront plus la priorité de l’administration. Ils ne seront plus assurés, comme actuellement dans le second degré. À partir de là, on peut considérer que toutes les catégories d’enseignants seront impactées. Déjà, nous constatons un manque de personnel, les enseignants tirent sur la corde. Il faut vraiment qu’ils soient au fond du lit pour s’absenter, parce qu’ils savent que leur remplacement peut ne pas être assuré. Si les postes de ZIL sont supprimés, ce sera encore pire.
Que souhaitez-vous obtenir en reconduisant la grève la semaine prochaine?
Notre pétition intersyndicale a récolté plus de 600 signatures, ce qui justifie la reconduction de la grève. C’est un signal fort de constater que les grévistes renoncent à un jour de salaire à la veille de Noël. Nous voulons être entendus par le DASEN. Il a refusé de nous rencontrer lundi sous prétexte de s’être déjà entretenu avec Camille Tastet, (secrétaire générale du Syndicat National Unifié des Directeurs et Instituteurs 33), le 24 novembre. Il lui a expliqué qu’il ne faisait que répondre à des obligations ministérielles.
Quelles sont vos revendications ?
Nous voulons conserver les distinctions entre ZIL et Brigade car ce sont deux statuts qui répondent à deux problématiques différentes. Pour être remplaçant en ZIL, il faut de l’expérience. Je le vois, avec les collègues, nous avons trente ans de carrière. On a connu plein de classes et d’écoles : on sait s’adapter. Là, ce sont des jeunes professeurs qui seront chargés de ces missions difficiles. Mais surtout, au lieu de réorganiser les services, il faut ouvrir des postes de remplaçants. Avec FO, on estime que pour assurer la totalité des remplacements en Gironde, il faudrait l’équivalent de 10 % des effectifs des instituteurs en poste fixe, soit 766 remplaçants. On est 694, Brigades et ZIL confondus.
Luca MENTZER et Clémence MACÉ

