Mobilisation SNCF : une grève en perte de vitesse

Un train de Fret de la SNCF
Le Fret SNCF est appelé à disparaitre au profit de deux sociétés privées © Thomas Vaillot

Deux des quatre syndicats initialement engagés dans l’appel à une grève illimitée à la SNCF, prévue à partir de ce soir, ont finalement renoncé à y participer. Descendus du wagon, l’UNSA et la CFDT ont fait dérailler la grève initialement prévue. Les mobilisations attendues ne seront pas à la hauteur des annonces, malgré la persistance de la CGT et de Sud-Rail. 

L’éternel marronnier de la grève de Noël semble à l’arrêt. Après un premier mouvement initié le 19 novembre, les syndicats avaient annoncé remettre le couvert aujourd’hui. En cause, la disparition du Fret SNCF remplacé par deux nouvelles sociétés privées et l’ouverture à la concurrence des filiales TER à l’horizon de janvier 2025. Mais l’unité syndicale n’est plus. 

D’un côté, la CGT-Cheminots et Sud-Rail persistent dans leur mobilisation. De l’autre, l’UNSA et la CFDT renoncent à l’appel, évoquant une série d’avancées significatives de la direction. Ce choix stratégique divise les cheminots et pose la question de la capacité du mouvement à peser sur les négociations. Le préavis de grève est fixé ce soir à 19 h, mais les premiers impacts devraient se faire sentir demain. 

Une fracture dans l’intersyndicale

Joël Vignerie, représentant de la CGT-Cheminots Aquitaine, déplore la décision de l’UNSA et de la CFDT de se retirer. « Bien sûr que la division affaiblit le mouvement. Certains collègues sont plus engagés lorsque toutes les organisations portent les mêmes revendications. », explique-t-il. Mais pour lui, l’enjeu est trop important pour faire machine arrière. 

« Si on arrive à avoir une décision politique qui mettrait sur pause la liquidation du Fret, et donc d’obtenir le moratoire, on sortirait du conflit. », affirme Joël Vignerie, en ajoutant la volonté d’un arrêt du processus d’ouverture à la concurrence du TER et l’instauration d’une loi de programmation pluriannuelle pour les infrastructures. 

« On ne se bat pas juste pour un « sac à dos social » pour les salariés transférés. », insiste-t-il, faisant référence aux concessions accordées pour le transfert des employés vers les nouvelles filiales privées. Pour lui, les cheminots ne doivent pas se résigner à des accords temporaires. Il dénonce en effet la durée de ces engagements : 36 mois pour les salariés du Fret et 24 pour ceux du TER. Pour le syndicaliste, ce n’est que « repousser le problème ». 

La CFDT parie sur la négociation

De l’autre côté, la CFDT, par la voix de Thomas Uschet, secrétaire CFDT-Cheminots en Nouvelle-Aquitaine, justifie le retrait de la grève par ces concessions qu’il considère comme « des avancées majeures ».  Le secrétaire général parle même de « négociations réussies ». 

Il martèle : « la SNCF a besoin d’un interlocuteur » pointant du doigt l’absence d’un exécutif en mesure de prendre des décisions sur des sujets budgétaires cruciaux. Partir pour peut-être mieux revenir, avoue Thomas Uschet, alors que la CFDT « se réserve le droit de rappeler à nouveau à mobiliser ». 

Les trains circuleront

Selon SNCF Voyageurs, le mouvement n’aura que peu d’impact sur la circulation des trains, avec un « trafic normal » annoncé pour tous les TGV et de légères perturbations pour les trains régionaux, avec « en moyenne nationale, huit trains sur dix », a indiqué hier le groupe ferroviaire. Une manifestation interprofessionnelle ainsi qu’une assemblée générale des cheminots sont prévues à Bordeaux demain, où les grévistes décideront de la reconduction ou non du mouvement pour le 13 décembre.

Enzo Calderon

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