L’Assemblée nationale a voté, lundi 4 décembre, l’interdiction des dispositifs de vapotage électronique jetables, prisés des adolescent·es. Danger sanitaire et environnemental, stratégie des industriels du tabac pour séduire les jeunes, passage devant la Commission européenne… on vous explique tout.
“Tous les éléments sont réunis afin qu’un scandale sanitaire et environnemental voit le jour.” Lundi, tard dans la soirée, 104 député·es mené·es par l’écologiste Francesca Pasquini ont voté l’interdiction de “la fabrication, la vente, la distribution ou l’offre à titre gratuit des dispositifs électroniques de vapotage à usage unique”.
Derrière cette formulation se cache l’interdiction des “puffs”, des cigarettes jetables au goût souvent fruité et aux couleurs flashy, accessibles à moindre coût dans les bureaux de tabac.
1. La puff, une cigarette jetable comme alternative au tabac
La puff (“bouffée” en anglais) est une cigarette électronique à usage unique. Elle est composée d’une résistance, d’une batterie et d’un liquide contenant des solvants, parfois de la nicotine, et des arômes. Ces derniers peuvent être classiques (fruits rouges, raisin ou menthe) ou plus extravagants (cola, glace à la coco, marshmallow, limonade – framboise bleue…)
Une puff permet 600 à 2000 bouffées et peut contenir jusqu’à 5 % de nicotine selon les produits. Disponible dans les bureaux de tabac, mais aussi sur internet et dans certains magasins, son prix moyen est compris entre 6 € et 12 €.
C’est en 2021 que la puff arrive en France depuis les États-Unis. Selon France Vapotage, qui représente et défend les professionnels du secteur dans l’hexagone, 40 millions d’exemplaires ont été vendus en 2023.
2. La puff est surtout consommée par les adolescent·es
En 2023, 15 % des jeunes de 13 à 16 ans affirment avoir déjà fumé une puff, d’après une étude menée par l’Alliance contre le tabac. La moitié de ces jeunes n’avait jamais touché à la nicotine. Par ailleurs, il est interdit de vendre des cigarettes électroniques jetables aux mineurs.
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“Il faut à tout prix lutter contre les innovations marketing de l’industrie du tabac”, résumait en quelques mots, lundi dernier, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Pour cause, l’impact sur la santé de la puff inquiète les professionnel·les de santé.
3. La puff, un danger “environnemental et sanitaire”
La puff inquiète les autorités, car elle représente un danger potentiel pour la santé. La fédération française de cardiologie souligne ainsi qu’une seule cigarette électronique à usage unique peut contenir jusqu’à 40 milligrammes de nicotine. Une cigarette, elle, contiendrait entre 0,65 et 13 milligrammes de nicotine.
“Quelques semaines d’utilisation suffisent à développer une addiction”, affirme la fédération française de cardiologie, qui souligne qu’une dépendance à la nicotine peut se développer “à grande vitesse”. Au risque de pousser les mineur·es consommateur·rices de puff vers la cigarette. C’est cette stratégie de l’industrie du tabac que remettent en cause certain·es politiques, à l’image d’Aurélien Rousseau qui soutenait lundi soir devant les députés l’urgence de “sortir de la banalisation du tabac”.
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La puff inquiète aussi sur le volet environnemental. L’Alliance contre le tabac assure que “compte tenu de leur design, le traitement des puffs est impossible”. La faute à une batterie non amovible à base de lithium. Une tribune publiée dans Le Monde, signée par des associations environnementales et des organismes de traitement des déchets, appelait déjà à l’interdiction des puffs en avril dernier.
4. La puff n’est pas encore interdite
La loi visant à interdire “la fabrication, la vente, la distribution ou l’offre à titre gratuit des dispositifs électroniques de vapotage à usage unique” a été adoptée à l’unanimité lundi soir par l’Assemblée nationale. Mais un parcours sinueux attend cette proposition de loi.
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“La Commission européenne doit encore la valider sous six mois”, expliquait son corapporteur Michel Louzzana. Une contrainte liée aux accords de libre échange dans l’Union européenne. “Nous avons face à nous des acteurs déterminés, voire agressifs, dans la défense de leurs propres intérêts”, s’alarmait Aurélien Rousseau en pointant du doigt les lobbies du tabac. Reste à voir si la proposition de loi survivra à son passage à Bruxelles, pour ensuite être appliquée par décret ministériel en France.
5. D’autres pays s’y mettent dans l’Union européenne
La France n’est pas la première à se saisir de la question de la puff. En Nouvelle-Calédonie, l’importation des cigarettes électroniques jetables est interdite depuis 2022. Plusieurs pays européens, à l’image de la Belgique, de l’Allemagne ou de l’Irlande, tentent également de légiférer sur le sujet. Avec difficulté parfois, comme lorsque la Belgique s’est vue refuser l’interdiction de toutes les cigarettes électroniques par la Commission européenne.
Noa Roche @roche_noa Quentin Saison @quentin_saison
photo : Quentin Saison / Imprimatur