Les premières grilles ont été installées vers 5h du matin. L’intersyndicale étudiante passe à l’étape supérieure et bloque, depuis ce mercredi 15 mars, plusieurs bâtiments de l’université Bordeaux Montaigne pour contester contre la réforme des retraites.
Il est 8h quand des étudiant·es et le personnel de l’université Bordeaux Montaigne ont commencé à se regrouper sur le parvis du campus de Pessac. Les bâtiments Flora Tristan, Rosa Bonheur, Myriam Makeba, la Maison des Arts, l’accueil et l’administration sont bloqués . Dès 5h du matin, des étudiant.es ont placé des clôtures de chantier, des tables ou bien des palettes en bois pour empêcher la tenue des cours. Quelques uns resteront sur place cet après-midi pour assurer la pérennité de ce dispositif de fortune.
Le mouvement prend de l’ampleur sur le campus pessacais. Après l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux, c’est au tour de l’UBM de vivre un blocage temporaire de ses bâtiments. Pourtant, l’Université a affiché très tôt son soutien aux grévistes et manifestants·es. Les cours ont été banalisés et le conseil d’administration a adopté, le 7 février, une motion dans laquelle il s’oppose au projet de loi sur la réforme des retraites.
Tour à tour, les étudiants·es rassemblés en AG vers 9h30 présentent leurs revendications. Un membre des Jeunes Socialistes réclament la retraite à 55 ans pour ceux qui exercent un métier pénible. Les Jeunes Insoumis souhaitent un revenu étudiant à hauteur du SMIC. De son coté, un étudiant sans étiquette syndicale ou associative propose de revoir le système de bourse. Au fur et à mesure, les débats s’intensifient et les participants peinent à trouver un compromis. L’ennemi commun ne fait pas l’ombre d’un doute : il s’agit du capitalisme. Mais les façons de le combattre ne font pas consensus. Maia, membre de Révolution permanente, tranche « trêve de discussions, passons aux votes« .
Plusieurs décisions sont alors prises par l’assemblée : la création d’un cortège commun pour rejoindre les manifestations en ville et la banalisation de la journée de cours. Mais surtout, le blocage est reconduit jusqu’à demain soir.
#OnBloqueTout
Mais pourquoi bloquer l’université de Bordeaux Montaigne alors que sa présidence soutient les manifestations ? Pour les grévistes, le contexte actuel est propice aux actions contre la réforme des retraites. “La Présidence de l’Université nous soutient et on en profite pour poursuivre cette bataille”. La veille, Lionel Larré, président de l’UBM, aux côtés des syndicats et des enseignants·es tient une banderole sur laquelle était écrit “L’Université Bordeaux Montaigne contre la réforme des retraites”.
Les étudiants·es veulent aller plus loin car ils veulent que le blocus ait “une portée culturelle et sociale forte”, selon une manifestante. Pour certain.es, il est important d’exprimer leur solidarité vis-à-vis des travailleurs.euses qui manifestent. “Ce blocage, c’est aussi un peu pour eux”, répètent-ils·elles. “On va rentrer relativement tard sur le marché du travail. Quand est-ce qu’on va en sortir ? À 70 ans ? C’est non, alors #OnBloqueTout !” (signe # avec ses doigts). Quelques enseignants·es présents·es ce matin soutiennent le blocage. L’un d’eux prend la parole lors de l’AG. “Je ne vais pas faire cours alors que vous êtes en train de marquer l’histoire.”
Sur place, la sécurité est conciliante selon les manifestant.es. Kevin Dagneau, directeur adjoint au cabinet de la présidence de l’UBM le confirme : “Pour le moment, l’intervention de la police n’est pas envisagée. On a simplement posté la sécurité de la fac autour du blocage pour conserver ce climat de tranquillité”. La présidence assure qu’elle ne souhaite pas empêcher les étudiants de manifester. Une assemblée générale sera organisée demain à 9h30 pour déterminer la suite des actions. À suivre …
Léa Petit Scalogna @LeaPetitSca
Rémi Paquelet @rpaquelet1