Aujourd’hui, le rapport 2022 sur l’égalité femmes-hommes a été dévoilé lors du conseil municipal de Bordeaux. Si celui-ci recense les actions effectuées en faveur de la parité, il montre qu’il y a encore du travail avant d’arriver à l’égalité entre les femmes et les hommes.
« Le fait que le rapport soit en premier à l’ordre du jour montre l’importance qu’on accorde au sujet. » Pierre Hurmic n’est pas peu fier de lui ce matin au village féministe. De passage sur la place Pierre-Renaudel, le maire de Bordeaux tient à mettre en avant son initiative. En effet, ce rapport permet de mieux se rendre compte de l’état de la parité à Bordeaux, municipalité qui revendique « l’égalité toute l’année » – et pas seulement le 8 mars.
Cette initiative de la Ville de Bordeaux est justement mise en avant dans le cadre du bilan de la première année civile à la tête de l’hôtel de ville. La municipalité revendique son action dans les subventions accordées avec une hausse de 7% des moyens alloués par l’intermédiaire de la mission égalité aux associations de défense pour les droits des femmes. De 115 000 € en 2020 à 122 800€ en 2021, l’augmentation est maigre mais non négligeable. La croissance est plus grande pour le budget de la mission égalité qui a vu ses fonds passer de 311 000€ à 360 600€, soit un apport de 16%. La Mairie insiste particulièrement sur son soutien aux associations.
Mais les inégalités existent dans l’espace public et notamment dans les noms donnés aux rues, établissements ou écoles. Ainsi sur l’année 2021, 16 noms de femmes ont été proposés dans le cadre de la dénomination des nouveaux espaces publics. Contre 4 pour leurs homologues masculins. On trouve parmi celles-ci la rue Simone Rossignol du nom de l’ancienne maire de Bègles, première édile de l’agglomération bordelaise. Un promesse tenue par la majorité qui s’était engagée à proposer 75% de noms de femmes à chaque dénomination pour mieux féminiser l’espace public. Selon un décompte datant de 2018, moins de 10% des rues bordelaises portaient un nom de femme. A titre d’exemple 35 écoles élémentaires portent un nom masculin contre 3 pour des noms féminins. L’écart est davantage plus grand pour les sites sportifs 18 noms d’hommes contre 1 portant le nom d’une femme.
Des actions qui ne masquent pas les inégalités
L’écart se mesure aussi au niveau des salaires. Le rapport est très clair : l’écart des rémunérations augmente au cours de la carrière dans la fonction publique parmi les agents. De 4,8% en début de carrière à 31,3 % à la fin de celle-ci. Une différence de rémunération en fin de carrière qui s’aggrave par rapport à 2018 où l’écart était de 30,4%. Ces inégalités se mesurent aussi dans le type de contrat proposé : 73% des CDD sont occupés par des femmes contre 56,1% des CDI. Et les femmes touchent en moyenne 343€ de moins que les hommes (soit 13,3%). Que ce soit la catégorie A, B ou C, des écarts dans les pensions s’observent avec notamment 323€ de moins pour les femmes chez les catégories A.
Des écarts dont le rapport préconise de traiter par différentes actions comme « lutter contre les stéréotypes et favoriser la mixité des métiers » ainsi que veiller à une égalité des carrières. En conclusion dans sa partie sur les inégalités salariales, une réflexion autour des postes à temps partiel est appelé. Des postes précaires où les femmes sont bien plus représentées que les hommes.
Si ce rapport avait pour but de mesurer l’action de l’équipe municipale sur sa première année, il montre que le chemin est encore très long avant d’atteindre la parité et qu’il faudra plus qu’une augmentation des subventions pour atteindre ses objectifs.
Vincent Grillon