Bordeaux. A l’heure où les problématiques environnementales font rage dans la sphère publique et médiatique, la capitale girondine fait le pari du milieu associatif pour appliquer sa transition écologique. Petit décryptage.
Mardi avait lieu le Conseil municipal mensuel de la mairie. A l’ordre du jour ? La présentation, entre autres, du rapport de Transition Écologique et Sociale de 2022 et la délibération sur l’attribution de subventions pour les associations luttant pour la transition écologique. Deux sujets qui prennent place dans le plan d’adaptation de la ville aux défis environnementaux, l’un des piliers du programme de la municipalité désormais ancrée chez les Verts depuis les élections municipales de 2020.
Des subventions en hausse
« Les associations sont un relais extrêmement important sur lequel s’appuie la ville de Bordeaux. Par leur expertise, leur agilité, leur proximité avec les habitants, elles nous permettent de prolonger notre action et nos politiques publiques ». Tels sont les mots de Claudine Bichet, adjointe au maire chargée des finances, du défi climatique et de l’égalité entre les femmes et les hommes. La municipalité bordelaise a ainsi accordé 42 millions d’euros de subventions aux associations de droit privé, soit 3% de plus que l’année dernière. Dans cette enveloppe, 6% du budget est directement dédié aux structures associatives luttant pour la cause écologique, toutes thématiques confondues : climat, biodiversité, énergies, mobilités, agriculture, habitat, déchets, etc.
« Toutes les associations que nous finançons doivent répondre à certaines conditions pour nous assurer qu’elles soient en concordance avec la trajectoire de la Mairie ». Côté chiffres, cela se fait au cas par cas : « Les associations peuvent être subventionnées à hauteur de quelques milliers d’euros pour les plus petites, jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros pour les plus grosses. »
La MNE, structure de référence
Parmi les structures associatives bordelaises, l’une d’elles se démarque par sa taille et sa place : la Maison de la Nature et de l’Environnement (MNE). Association fondée en 1983, elle regroupe une quarantaine d’organisations de l’économie sociale et solidaire, telles que des associations, des collectifs ou des SCOP (société coopérative et participative). Toutes ont un objectif commun : la protection de l’environnement, du cadre de vie et du développement durable sur le territoire de la Gironde. A la tête de ce réseau, la MNE fait le lien entre elles par l’articulation de projets collectifs et la formation à la culture environnementale. Elle leur apporte également des ressources matérielles : espaces de travail et de stockage ou matériel pour des animations.
« Jusqu’à présent, nous n’avions jamais eu de subventions de financement de la part de la Ville », explique Orianne Pascal, responsable de la coordination et du développement. « Mais nous disposions de subventions indirectes grâce à la mise à disposition d’un local rue Tauzia. En contrepartie, nous avions à charge une redevance annuelle très attractive » (cf. infographie). Cependant, cette année, la situation évolue. « Mardi, la mairie nous a accordé une subvention de quasiment 2 000 euros. Cela peut paraitre peu, mais ça va déjà nous aider pas mal, surtout que ça s’accompagne de nouveaux locaux quai de Brazza ».
Un tissu associatif indispensable pour les acteurs locaux
Un soutien que salue également Julien Robert, président de la MNE et directeur de l’association Ekologeek qui sensibilise aux écogestes. Il souligne le changement d’ère depuis les dernières élections : « On était moins soutenu sous les précédents mandats. Le changement a été long, mais en même temps après 70 ans de droite, c’est peut-être normal. » Désormais, Julien Robert peut notamment compter sur trois élu.e.s référent.e.s parmi la majorité municipale, alors qu’il n’y en avait aucun.e il y a encore deux ans. Un soutien grandissant de la part de la Ville et que confirme Claudine Bichet : « Je ne vois pas comment, avec les défis environnementaux qui nous attendent, les collectivités pourraient se passer des associations. Elles sont d’intérêt général et leur avenir est garanti ».
Kimberley Dusznyj et Timothée Gimenez