Stéphane Pfeiffer, est adjoint au maire de Bordeaux en charge du logement. Il est également élu à la métropole et a répondu aux journalistes d’Imprimatur.
Considérez-vous que le partenariat politique avec Bordeaux Métropole sur la 11ème révision du Plan Local d’Urbanisme vous laisse suffisamment de latitude pour mettre en place la politique du logement de votre programme ?
Sur le logement nous avons les mêmes objectifs. Il faut permettre à tout le monde de se loger grâce à un soutien à la production de logements sociaux. Nous sommes en retard sur la commune de Bordeaux et dans plusieurs villes de la métropole. Mais très en phase sur le logement privé. Par exemple, le permis de louer est un dispositif métropolitain. L’encadrement des loyers aussi ne passe pas par les villes mais par la métropole. Nous sommes vraiment alignés sur les questions de logement, il n’y a pas d’ingérences.
L’héritage des années Juppé et Florian est-il trop lourd pour être rattrapé en un seul mandat ?
Oui. La loi nous oblige à 25% de logements sociaux en 2025. A l’été 2020 lorsque nous sommes arrivés à la mairie, nous étions à 18,5%. Passer à 25% en 6 ans voulait dire multiplier par 3 le nombre de constructions de logements sociaux par année. C’est impossible. L’objectif est de s’en rapprocher mais nous partons de trop loin. Autant de 2016 à 2018 nos prédécesseurs avaient accéléré la production de logements sociaux à cause de leur retard, autant les années d’avant Alain Juppé et Nicolas Florian étaient vraiment très basses dans la production. Donc nous on arrive à un moment où le retard est trop élevé pour rentrer dans les cadres de la loi en un seul mandat.
Le deuxième sujet sur lequel l’héritage est lourd concerne l’habitat privé. Nos prédécesseurs poursuivaient une ligne idéologique de non régulation. Ils auraient pu mettre en place l’encadrement des loyers et le permis de louer avant. Nous avons aussi découvert que la lutte contre l’habitat dégradé et les immeubles en très mauvais état n’était pas leur priorité. Les services était sous doté, c’était mal organisé, il y avait très peu de suivi et d’ambition politique. En un mandat, il sera impossible de rattraper cela.
Thomas Cazenave, élu LREM d’opposition avait annoncé que le 4ème R de votre politique du logement serait celui du renoncement. Il vous accusait de ne pas vous occuper de l’accès aux logements Bordelais pour la classe moyenne et de ne pas avoir augmenté le budget du logement social. Que répondez-vous ?
Là où il a raison c’est que nous n’avons pas augmenté le budget du logement social. Pour l’augmenter, il faut des opérations supplémentaires et donc tant qu’on n’est pas en capacité de faire émerger de nouvelles productions, on n’a pas de nouvelles productions à soutenir. Mais nous agissons, il a tort sur plusieurs points. Nous allons modifier le Plan Local d’Urbanisme et mettre en place un dispositif qui s’appelle les servitudes de diversités sociales. Jusqu’alors une opération de logement de plus de 2 000 m² impliquait de faire 35% de logement locatif social. Nous avons baissé ce seuil à 500 m², un seuil pour lequel il faudra faire au moins 20% d’accession sociale.
Sur le logement des classes moyennes, je pense qu’il fait également une erreur parce que nous avons dans la production de logement social plusieurs types de logements, dont le PLS qui est le plus cher des logements sociaux et qui s’adresse principalement aux classes moyennes. Il représente entre ⅓ et la moitié de la production de logement social à Bordeaux. Nous faisons également un gros effort sur l’accession sociale à la propriété avec le Bail Réel Solidaire qui est un dispositif récent. Ca veut dire qu’on passe par un office foncier solidaire géré par des bailleurs, par la collectivité, qui restent propriétaires fonciers du terrain. Vous n’achetez que les murs, à 30% en dessous du prix du marché, ce qui est assez intéressant.
L’enjeu à Bordeaux est de trouver un équilibre entre toutes les classes sociales.
Propos recueillis par Cha Toublanc & Colombe Serrand, Questions d’Ysé Rieffel et Vivien Latour.