Pour des campus plus écolos, les jeunes se mettent à l’agriculture urbaine

Sur beaucoup de campus bordelais, l’agriculture urbaine prospère. Des initiatives lancées la plupart du temps par des jeunes pour en sensibiliser d’autres. 

À Bordeaux Sciences Agro, fruits et légumes sont à l’honneur, et pas seulement en classe. Il y a quelques années, l’école a transformé en potager une parcelle de 50 m² destinée initialement aux expérimentations des professeurs. À l’origine de ce projet : Pot’Agro, un club créé en 2015 pour réinvestir ce petit terrain délaissé. 

Nous avons des pommes, des fraises, des choux, des radis, des courges et beaucoup d’autres choses”, se réjouit Moeani, responsable du potager et membre de Pot’Agro. Étudiante en deuxième année cycle ingénieur, la jeune femme a repris les rennes du projet début 2021. Nous avons beaucoup planté, fait des semis, etc. Au début, c’était vraiment perçu comme un loisir. Mais mon prédécesseur a réussi à lancer une dynamique de groupe.” 

Des enjeux pédagogiques, sociaux et écologiques 

Si l’objectif premier de l’initiative est de mettre en application les cours théoriques, une dimension écologique s’y est également greffée.Nous ne faisons pas ce potager uniquement pour faire pousser des fruits et légumes. Nous essayons de réfléchir à la biodiversité car nous jardinons en permaculture. Nous gérons aussi les compostes et les réexploitons, explique Moeani. L’idée est de fonctionner en circuit fermé pour minimiser l’impact carbone.  

Partage, échange et rencontre font aussi partie des ambitions du projet. Chaque fois que les récoltes sont abondantes, le club organise un repas collectif.

Des étudiant.e.s intéressé.e.s mais pas assez impliqué.e.s 

Jusqu’à présent, le potager semble susciter l’intérêt des étudiant.e.s.C’est une très bonne idée. J’y suis déjà allé deux ou trois fois. Et cela sensibilise vraiment aux enjeux écologiques. Certain.e.s n’avaient jamais fait de jardinage par exemple et depuis ils se sont investi.e.s dedans, nous confie l’un d’entre eux.

Mais est-ce suffisant pour impliquer tout le monde ? Pour Fanny, la réponse est non. Il y a ceux qui trouvent que c’est une bonne idée et les autres qui voient cela comme quelque chose de bobo et d’idéaliste, lance cette étudiante qui participe régulièrement aux activités du potager. 

Ce manque d’implication, Moeani le constate également.Depuis novembre, il n’y a plus grand monde. Cela fait deux ans que nous ne sommes que deux à avoir été vraiment investi.e.s. 

Les questions écologiques au cœur des préoccupations de l’Université

Si la question de l’engagement étudiant pose problème, c’est aussi l’Université qu’il faut questionner. À Talence, l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux a, elle aussi, mis en place son propre potager. Le domaine du Haut carré, lui, est nanti de La Fourmilière, un jardin partagé créé par des étudiant.e.s.

À l’Université Bordeaux Montaigne cependant, l’agriculture urbaine est aux abonnés absents pour l’instant. Des projets sont en cours de discussion  nous explique Rodolph Jean-Blanc, chargé de projet de développement durable au sein de l’Université. Nous sommes préoccupés par les questions écologiques comme le sont les étudiants. Il y a une réelle volonté de mettre en place des projets d’agriculture urbaine, mais actuellement ce ne sont que des pré-projets. Il faut prendre le temps pour faire les choses correctement. Sinon nous avons mis en place quatre ruches de miel sur le campus. C’est différent, mais nous pouvons voir cela comme une forme d’agriculture urbaine aussi. 

L’Université exprime toutefois son engagement par le biais de projets tutorés en rapport avec l’agriculture urbaine. Des éco-ambassadeurs  sont également recrutés parmi les étudiant.e.s afin d’agir en faveur du développement durable sur le campus. Aujourd’hui, agir par de petites actions semble être le chemin choisi par de nombreux établissements pour sensibiliser les jeunes, mais aussi pour les impliquer. Une orientation qui se traduit par des projets faitspar les étudiants, pour les étudiants avec l’accompagnement de l’université. 

@NassefSiham

Crédit Photo : Siham Nassef

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