Le World Impact Summit, sommet international environnemental, se tient ces 2 et 3 décembre à Bordeaux. De nombreux acteurs s’y sont donné rendez-vous, mais pas réellement de jeunes à l’horizon. Rencontre avec la jeunesse bordelaise qui œuvre de concert avec les institutions du territoire, tout en soulignant leur complémentarité avec des actions plus radicales.
Mardi 30 novembre, 13 heures. Raphael Cros quitte les bureaux de la société de formation Koncilio pour aller déjeuner en plein-air, sur les bancs boisés de la cour extérieure de Darwin. À quelques jours du World Impact Summit, le chef de projet, spécialisé dans le volet écologique, n’est pas très enthousiaste. En cause, le flop de la formation qu’il doit y dispenser. « Pour le moment, seuls quatre ou cinq élus ont répondu présent » déplore-t-il.
Pour autant, le jeune homme de 23 ans considère la pédagogie environnementale à destination des élus comme une arme redoutable. « On a mené des formations, sur l’alimentation durable par exemple, à La Rochelle, Bègles ou dans le Pays-Basque » , contextualise-t-il. « Et on a un réel écho, renchérit son collègue Samuel Pommiers, 22 ans. On distribue par exemple une newsletter mensuelle à tous les élus qui se sont succédé ici, avec un taux d’ouverture de 45%. »
« Se servir du système pour le contrer »
Avant de travailler là, Raphaël Cros s’est intéressé aux codes du lobbying lors d’un master d’affaires publiques mené après son diplôme obtenu à Sciences Po Bordeaux. « L’idée, c’est de se servir du système pour le contrer. »
Jérôme Moisset aussi est passé par les bancs de Sciences Po. A 23 ans, il a fait le choix de s’engager directement en politique : depuis quelques mois, il est collaborateur du groupe Europe Ecologie Les Verts (EELV) à la Région. « C’est là qu’on peut réellement actionner les leviers » estime-t-il. L’écologiste a trouvé sa manière d’agir, ponctuée d’écriture de fiches remplies d’éléments de langage… Au sein d’une ligne politique où il a le sentiment d’avoir une réelle influence.
« Il y a de grands enjeux locaux qui pourraient avoir une trajectoire différente si le camp écologiste avait davantage de pouvoir. Je pense notamment au projet de nouvelle LGV pour relier Bordeaux à Toulouse auquel les écologistes sont opposés. Là, on est dans le concret » analyse-t-il. Mais selon lui, cet engagement institutionnel n’est pas contradictoire avec des actions plus provocatrices qui mettent sur le devant de la scène médiatique certains enjeux. « Sans L214 ou Extinction Rébellion, on ne prendrait pas certains sujets avec le même intérêt. »
Faire du bruit sans brouhaha
Communiquer, c’est aussi le crédo deSimon Martinet. Avec son collectif les Jeunes Ecologistes Bordeaux-Aquitaine (JEBA), il agit de concert avec la sphère politique locale pour sensibiliser sur les questions écologiques. Pin’s EELV accroché au manteau, cet étudiant en géographie de 22 ans explique les raisons de son engagement. « J’ai rejoins le mouvement cette année pour réaliser des choses concrètes. Tout prend enfin forme. La semaine dernière, on a organisé un green-friday pendant le Black Friday dans lequel on vendait des vêtements d’occasion à bas prix » s’enthousiasme-t-il.
Leur action a reçu le soutien de la mairie et de plusieurs élus municipaux. « On est soutenu, on en profite » expose Simon. Prochaine action en vue : l’organisation d’une conférence sur l’écologie politique lundi 6 décembre. « Je préfère envoyer des mails et mettre en place des débats que d’aller manifester dans la rue. C’est mon tempérament ! », sourit le militant.
Mais l’action plus radicale est également nécessaire. « On est complémentaires », renchérit Raphaël Cros, qui s’imagine bien franchir le pas. L’employé de Koncilio se verrait bien devenir activiste au sein d’Extinction Rébellion : « On a besoin de personnes pour déplacer les curseurs du débat. Sans ça, impossible de faire avancer la cause environnementale. Sur le long terme, en tout cas. »
Crédit Photo : Alexis Pfeiffer