En cité U, améliorer son impact environnemental est un vrai défi pour les étudiant.es. Pointant du doigt le manque d’initiative du Crous, certain.es d’entre elles et eux ont pris les devants. Mais vivre en cité U et être écologique n’est pas une mince affaire.
« Rajoutez un pull ! », affirmait en octobre dernier le Crous de Bordeaux en réponse aux étudiant.es qui se plaignaient du froid dans les cités universitaires. Des chauffages énergivores et coûteux, une isolation défectueuse, les réactions étudiantes se sont multipliées dernièrement. Gant de bricolage sur une main, perceuse dans l’autre, Anne, 19 ans, participait aujourd’hui à l’atelier « Fabrication de lombricomposteurs » organisé par l’Épicerie solidaire du quartier Saint-Michel à Bordeaux. Ici, les personnes en difficultés financières peuvent acheter des fruits et légumes biologiques tout en participant à des ateliers cuisine ou de tri des déchets.
« Je trouve qu’on n’est pas assez éduqués à ces questions en tant qu’étudiants. C’est pour ça que j’ai décidé de me rendre à cet atelier organisé dans le cadre de la semaine zéro déchet, pour acquérir les bons gestes« .
Anne, étudiante en psychologie
Étudiante en psychologie, elle habite Cours de la Marne à Bordeaux. « J’habite au Crous depuis peu mais en matière de sensibilisation aux questions écologiques, il y a un gros retard. Je faisais partie d’une association écolo au lycée, il y aurait mille choses à faire dans les résidences étudiantes« . Déçue par le manque d’investissement des responsables des cités universitaires, elle insiste sur la volonté de la nouvelle génération de se lancer dans des initiatives coopératives comme celle-ci. « Après avoir fabriqué mon lombricomposteur, je vais le mettre sur la petite terrasse de mon appartement. À voir comment je vais m’en occuper mais c’est une très belle initiative, on devrait tous faire pareil « .
« C’est une mission au quotidien »
Juliette, étudiante dans une résidence universitaire à La Victoire, souligne l’investissement parfois lacunaire des responsables de cités U. « Je trie tous mes déchets, j’essaye de faire attention, mais au sein de ma résidence de nombreuses personnes ne respectent pas. Il y a de nombreuses affiches de prévention, mais il faudrait créer un vrai tri sélectif. Il n’y a pas de poubelles de verre, les poubelles de plastiques sont également souvent absentes ou vandalisées ».
Interrogé à ce sujet, Nicolas Fontaine, chargé de communication au Crous, avance : « Le Crous de Bordeaux est tout à fait conscient des problématiques sur les questions écologiques universitaires. » Sans vouloir préciser les projets en cours ni expliquer les dispositifs en place, il insiste sur le partenariat du Crous avec certaines associations étudiantes à Bordeaux, comme Etu’Recup. « Avec ce partenariat, le Crous met même à disposition des bacs à compost dans certaines résidences. Les étudiants peuvent ainsi déposer leurs déchets alimentaires qui sont récoltés une fois par semaine ».
Les étudiant.es aux commandes
Trier ses déchets, éviter de faire couler l’eau trop longtemps, éteindre la lumière, essayer de limiter toutes les petites dépenses du quotidien… Autant de petits gestes qui peuvent faire la différence, autant pour l’environnement que pour le porte-monnaie. « Ce sont des gestes qui paraissent simples mais en cité universitaire on n’a pas le choix. Les dépenses passent avant tout« , nous confie Juliette. Concilier obligations économiques et volonté écologique, voilà le fer de lance de nombreux.ses étudiant.es dans les cités u.
L’association Atena, basée sur le campus de Talence, propose des initiatives écologiques aux étudiant.es qui vivent au sein des cités universitaires environnantes. Sa présidente, Lise Martinez, insiste sur la volonté d’apprendre aux étudiant.es à se « responsabiliser. » Mais pas seulement. « Il est important pour nous que ces actions écologiques s’ouvrent en dehors du campus afin de collaborer avec d’autres associations étudiantes ». Des dispositifs sont alors mis en place pour les aider à se sentir davantage responsables et autonomes en matière d’écologie. « Nous avons créé des bornes à compost non loin de plusieurs cités universitaires. Quand j’étais étudiante dans les cités Crous, il n’y avait aucune trace de bacs à compost, ou même de poubelles de tri. On essaye d’y remédier à notre échelle ».
Des petits « tips » sont également au goût du jour comme apprendre aux étudiant.es à concevoir leur propre liquide vaisselle ou les aider à manger davantage local grâce à des petits guides, tout en gardant des prix raisonnables. Cette sensibilisation a mené à de nombreuses initiatives, qu’elles aient lieu au sein des cités u, ou en dehors. « Aujourd’hui j’ai appris à fabriquer du compost, vous pouvez être sûr que je vais répandre la nouvelle », ironisait Anne. En espérant que bientôt, sa cité universitaire en soit équipée en nombre suffisant.
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