Trop vieille, délaissée par sa jeune garde, dépassée par la vague verte… la gauche traditionnelle a disparu de la bataille pour les élections municipales de 2020 dans plusieurs communes du Bassin d’Arcachon. Comment expliquer ce phénomène ?
Dans les rues de La Teste-de-Buch, un simple coup d’œil jeté sur les panneaux électoraux suffit pour remarquer l’absence de la gauche traditionnelle aux élections municipales qui se profilent : rose et rouge ont disparu des affiches de campagne. Autour du bleu, largement dominant, le vert fait son apparition.
Sur les sept listes en lice seule une se revendique de gauche : celle menée par Valentin Deiss, candidat Europe Écologie Les Verts (EELV). Situation similaire du côté d’Arcachon où la liste portée par l’écologiste Vital Baude est l’unique représentante de la gauche pour ce scrutin. Une première. « Il existe une vieille tradition d’union entre les partis de gauche sur le bassin d’Arcachon depuis 1977. Mais c’est la première fois qu’elle n’est pas menée par le PS dans deux communes », détaille François Déluga, maire socialiste du Teich depuis 1989.
Une restructuration de la gauche
Comment expliquer la rétrogradation au second plan du Parti socialiste (PS) alors même qu’il représentait historiquement la principale force d’opposition au sein de ces communes ? Aux yeux de Maurice Granet, candidat PS aux municipales d’Arcachon en 2014, les causes d’un tel revirement sont multiples : la formation est d’une part « trop vieillissante » car la relève n’a pas été assurée. Pour exemple, le départ de jeunes membres du parti vers La République En Marche (LREM).
Un déchirement pour l’homme de 73 ans, dorénavant retiré de la vie politique, qui déplore le choix de certains d’avoir quitté le navire pour rejoindre les rangs d’EELV ou de LREM. « La thématique écologique est reprise de l’extrême-gauche à l’extrême droite. Elle est aujourd’hui très à la mode », considère celui qui a terminé en deuxième position à 46% du maire sortant Yves Foulon lors du dernier scrutin.
Une analyse que nuance Jean Petaux. Selon le politologue, « le PS dispose d’un faible espace politique aujourd’hui, il est même inaudible au niveau local. » Raison pour laquelle les électeurs de gauche se tournent vers les Verts à qui « la virginité au pouvoir confère un certain crédit », assure-t-il. Dans un contexte qui a vu la gauche conventionnelle perdre tout poids politique, le parti écologiste a su profiter, d’une part, des dissensions au sein du PS et, de l’autre, de ses bons résultats aux dernières élections européennes, pour engranger de l’influence et de la crédibilité au niveau national.
Une tendance à relativiser
Pour autant, le nouveau statut acquis par l’écologie politique ne devrait pas bouleverser le rapport de force au niveau local. « Il y a une pesanteur sociologique à Arcachon, avec une population majoritairement âgée, qui se traduit dans les urnes par un soutien affiché à la droite », analyse Jean Petaux. Selon l’Insee, 57,4 % des habitants d’Arcachon avaient plus de 60 ans en 2016 et 29,6 % plus de 75 ans, contre une moyenne nationale de 18,8 % et de 8,9 %.
Un conservatisme qui permet à la droite de régner en maître sur la majorité du Bassin. « En 2012, Arcachon a été la seule circonscription parmi les douze que compte la Gironde à rester à droite après l’élection de François Hollande », rappelle le chercheur.
Pour Valentin Deiss, l’enjeu de ces municipales sera d’abord d’accrocher « un maximum de sièges au conseil municipal pour montrer que la gauche n’est pas morte mais qu’elle est forte. » Peu d’espoir de gagner pour le candidat, mais une volonté de donner un nouveau souffle à l’opposition.