Né en 1926 aux Etats-Unis, le Black History Month s’exporte à Bordeaux pour la troisième année à partir du 1er février. Activités et évènements seront organisés dans des lieux de la métropole, afin de combattre le racisme tout en honorant les grands noms de la lutte des Noirs à travers l’Histoire. Pour l’édition 2020, c’est la boxe qui est à l’honneur. Le fondateur de l’association organisatrice de Mémoires et Partages, Karfa Diallo, nous explique ce choix.
Pourquoi avoir choisi de mettre la boxe au cœur du troisième Black History Month bordelais ?
La boxe a été la discipline par laquelle les Noirs se sont le plus exprimé dans l’histoire occidentale. C’était pour eux un moyen d’affirmation, d’épanouissement et d’amélioration de leur condition. L’image de cette discipline est biaisée. Elle est perçue comme un sport de brute. Pourtant, c’est essentiellement un sport d’endurance, d’évitement et de réflexion. La boxe réunit, elle créée du lien entre les gens de tous âges. Ce qui nous a plu dans les valeurs de cette discipline c’est l’idée d’un dépassement de soi par le combat. Aller au delà de ses limites physiques et mentales a permis a beaucoup de champions de résister à une oppression sociale, de promouvoir leurs droits. Elle a été très présente dans l’émancipation des Noirs aux Etats-Unis, notamment. Lorsque Jack Johnson bat pour la première fois un blanc en 1910, c’est la supériorité de l’Amérique esclavagiste qui est déstabilisée. Ce sport devient alors un symbole de la résistance.
Cette année, c’est Mohamed Ali qui sera le visage de ce mois de commémoration, lui qui est devenu une icône mondiale de la lutte contre la suprématie blanche.
Muhammad Ali, devenu Mohamed Ali, est le boxeur le plus célèbre de l’Histoire, et il est noir. À seulement 22 ans, il est sacré champion du monde. Deux ans plus tard, en 1966, il refuse de servir dans l’armée américaine, engagée dans la guerre du Viêt Nam. Il met ainsi sa vie en danger, perd des millions de dollars et est déchu de son titre de champion du monde pour cet affront. La boxe lui a permis de s’impliquer d’avantage pour la cause. Au-delà du sport, il était un citoyen extrêmement engagé, notamment dans le mouvement des droits civiques. C’est pour cette raison que nous l’avons choisi comme la figure centrale de la troisième édition du Black History Month à Bordeaux. car il est devenu un symbole de la lutte pour les Noirs en tenant un message universel, dans lequel tout le monde s’est retrouvé : résistance à la barbarie, un message d’amour.
Comment la boxe agit-elle aujourd’hui pour l’émancipation de personnes exclues de la société ?
Jack Johnson et Mohamed Ali aux États-Unis mais aussi Battling Siki et Aya Cissoko en France ont participé, à travers la boxe, à la lutte contre les discriminations raciales. Aujourd’hui, la boxe est toujours un moyen pour des personnes en difficultés de s’affranchir de leurs conditions. On peut le voir avec des clubs comme Ussap Boxe à Pessac ou Boxing club Bacalan, partenaires du Black History Month : la boxe permet à beaucoup de personnes de s’en sortir. Elle est un vecteur humain très fort. On le voit notamment à travers les relations puissantes qui se créent entre boxeurs et entraîneurs, entre les sportifs entre eux, sur le ring. Si on est mauvais à l’école, que ça ne va pas à la maison, il y a toujours cet espace sûr, on y trouve de la force, de la solidarité, une seconde famille.
La première édition était dédiée au basketball, l’année dernière le registre était musical, cette année, c’est la boxe. Quel sera le thème de la quatrième édition du Black History Month à Bordeaux ?
Pour l’année prochaine, nous avons décidé de trancher pour la thématique de l’athlétisme.
Pauline Achard & Quentin Bral
Black History Month Bordeaux – 3ème édition
De Bordeaux à Cotonou, en passant par Biarritz, Bayonne, La Rochelle et Le Havre. Fêtes, expos, débats, visites, projections, boxe autour de la culture AfroDescendantes du 1er au 20 février. Évènement organisé par l’association Mémoires & Partages.