Grévistes et féministes, même combat ? L’injustice est, en tout cas, au cœur de leurs revendications. En Gironde, des femmes battent le pavé pour refuser de voir leurs conditions de vie s’aggraver.
Elles sont convaincues d’être les grandes perdantes de la réforme des retraites, d’être défavorisées si un système universel est mis à l’œuvre, et elles luttent pour faire entendre leur voix. Charline, membre du collectif de collages contre les féminicides à Bordeaux, espère créer une “union” entre les différents mouvements de défense des droits des femmes. « Je pense qu’il faut être sorore, c’est-à-dire qu’on se serre les coudes pour reprendre la place qu’on mérite dans l’espace public”. Dans son viseur, la réforme des retraites. Pour Cristina Simon du syndicat Force Ouvrière, le futur projet de loi va pénaliser les femmes qui volontairement ou non occupent des emplois à temps partiels ou ont des carrières hachées. Charline va plus loin : “les femmes sont les premières à subir la précarité. Le gouvernement actuel ne veut pas l’entendre et ose même dire qu’elles sont “les grandes gagnantes” de la réforme des retraites. Je pense qu’il est temps que l’exécutif prenne conscience que les femmes sont les principales victimes de ce système patriarcal ». Un avis qui n’est pas partagé par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Invitée de France Inter mardi, elle estime au contraire que cette réforme leur est “favorable”.
A Paris, un meeting pour fédérer les féministes
Historiennes, économistes, politiques ou encore syndicalistes. Elles sont vingt-huit à s’être réunies à Paris lundi soir devant un parterre de 300 personnes. L’objectif ? Donner un point de vue féministe sur la réforme des retraites. Sur la scène de la Maison des métallos, les intervenantes se sont succédé pour démontrer pourquoi, selon elles, ce projet est “sexiste, injuste et discriminatoire”, rapporte le journal le Monde. « Il faut qu’on arrête la novlangue du gouvernement en proposant un contreprojet », a déclaré Clémentine Autain, députée de La France Insoumise à l’initiative de cette réunion.
Des actions locales peuvent-elles découler de cette réunion ? Si pour l’heure, aucune mobilisation n’est prévue selon Charline, elle dit en avoir déjà discuté avec des militantes féministes. L’implication de ces dernières dans les milieux syndiqués reste au stade embryonnaire. “Les femmes sont mobilisées dans les grèves actuelles et l’étaient déjà depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, mais le milieu du militantisme reste profondément machiste”, analyse Charline. Les choses semblent pourtant bouger. “Dans le climat actuel, je trouve qu’on arrive de plus en plus à faire entendre nos voix, que ce soit lors d’AG inter-luttes, de discussions entre militant.e.s ou même lors de nos collages dans la rue” se félicite-t-elle. De là, à voir naître un jour une union de féministes ? “Cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, mais oui, j’ai bon espoir”.
Oriane Cuenoud