Un jour de grève est un jour non payé. Pour soutenir les grévistes, certains syndicats disposent de caisses de grève, d’autres lancent des cagnottes. Tour d’horizon des actions de solidarité.
900 000 euros, c’est le montant de la cagnotte organisée par Info’Com-CGT. Un chiffre atteint, notamment, grâce au groupe « Le Stream reconductible », un collectif de gamers sur Twitch qui soutient la grève. La CGT est coutumière des cagnottes solidaires, à l’instar de la première levée de fonds lancée en mars 2018, en pleine grève contre le projet de réforme ferroviaire. Un million d’euro avait alors été récolté par le biais du don. Adhérent à la CGT Cheminot, un militant explique : « Au niveau local, les syndicats répertorient le nombre de salariés en grève qui souhaitent toucher une aide financière. C’est ensuite la fédération qui envoie des chèques aux différents syndicats ». La somme récoltée est alors divisée par le nombre de demandes. Lors de la grève de mars 2018, le militant CGT, qui tient à garder l’anonymat, a pu obtenir 100 euros pour 40 jours de grève : « C’est pas énorme, mais c’est déjà une aide non négligeable ». Pour continuer la mobilisation et faire pression sur le gouvernement, les syndicats ont tout intérêt à aider financièrement les salariés. Selon le secrétaire fédéral de la CGT Cheminot, Cédric Robert, les grévistes « perdent entre 60 et 100 euros de salaire par jour ».
Une caisse de 126 millions d’euros pour la CFDT
Le premier syndicat de France, qui compte plus de 600 000 adhérents, est la seule organisation à disposer d’une caisse de grève centralisée. Créée en 1973, elle permet de compenser la perte des salaires. Cette caisse est un service proposé par la Caisse nationale d’action syndicale (CNAS). Le fonds est financé par les cotisations, et s’adresse à tous les salariés adhérents depuis 6 mois. Au-delà de 7 heures de grève, un salarié à plein-temps est indemnisé à hauteur de 7, 30 euros par heure. Aujourd’hui, cette caisse de grève s’élève à 126 millions d’euros. « Normal » pour un militant CGT qui témoigne anonymement: « Ils ne font jamais grève à la CFDT. Eux ils ont les moyens d’avoir une caisse ! »
Des initiatives locales
A Solidaires 33, c’est le modèle de la caisse de grève locale qui se profile. Vendredi 20 décembre devrait avoir lieu une réunion avec l’intersyndicale pour fixer les modalités d’une caisse de grève, comme le détaille Philippe Arnaud, co-secrétaire du syndicat : « La future caisse se baserait sur l’appel aux dons des sympathisants. Contrairement à la CFDT, les contributions sont volontaires». Le syndicat Sud-Rail Bordeaux, lui, a déjà une caisse de grève: « 1 euro est prélevé sur la cotisation des adhérents. La somme réunie est faible, mais ça peut déjà aider ce qui en font la demande », raconte un militant retraité. Si la grève se poursuit, des salariés envisagent le crédit bancaire.
Victoria Berthet