Environ un millier d’agriculteurs manifestent à Paris ce mercredi 27 novembre 2019 pour exprimer leur mécontentement. En Nouvelle-Aquitaine, la mobilisation est faible. Les regards sont tournés vers des solutions pour éduquer et sensibiliser les agriculteurs à la diminution des émissions de carbone.
Sous l’impulsion des éleveurs, la première région agricole de France, s’est engagée à diminuer les émissions de carbone. En juin dernier, un texte européen a été transposé au niveau local.
Portée à bout de bras par Maryvonne Lagaronne, éleveuse dans les Pyrénées-Atlantiques, le programme Beef carbon vise à atteindre l’objectif européen de diminuer de 15% l’empreinte carbone d’ici 2025.
Malgré ces chiffres ambitieux, celle qui est également Présidente de l’antenne régionale de France Conseil Elevage n’a pas froid aux yeux : « Le climat a toujours évolué, nous [les agriculteurs, NDR] sommes conscients de l’importance de l’adaptation de nos élevages et cultures. On choisit nos animaux, on adapte nos modes de culture pour faire face à des étés plus secs, aux hivers plus froids… »
Pour mettre en place des mesures concrètes, une seule solution : mutualiser les données et les techniques de l’ensemble des acteurs de la filière. L’éleveuse l’assure, pour mettre en place un plan d’action, il faut analyser les sources et la quantité de production de carbone de l’exploitation.
L’esprit pragmatique, Maryvonne illustre son propos : « La prairie est un lieu efficace de stockage des émissions carbone. Ainsi, il faut expliquer à l’exploitant comment valoriser son sol ». Comment ? Avec des légumineuses, fertilisation organique, pâturage tournant… Il faut former les agriculteurs selon les spécificités de leur exploitation.
L’optimisation des déplacements peut également permettre de diminuer les émissions de carbone. « Certains n’ont pas besoin de s’approvisionner ailleurs. Pour les autres, des solutions existent. Grâce à nos données, nous pourrons mettre des gens en réseau afin d’optimiser les déplacements et les émissions qu’ils produisent » poursuit Maryvonne.
Une formation à l’agroécologie dans les lycées aquitains
Au lycée Fazanis en Lot-et-Garonne, les futurs agriculteurs de la région sont sensibilisés aux enjeux des pratiques agricoles innovantes. Ici, une volonté forte se dégage, celle de convertir les exploitations à l’agroécologie. « Nous enseignons des pratiques plus respectueuses de l’environnement et du bien-être animal. » explique Serge Fort, directeur d’exploitation du lycée agricole de Tonneins. Il renchérit : « Nos efforts pour réduire notre empreinte carbone passe par une gestion de notre système de chauffage. Et, depuis deux ans, nous essayons d’utiliser de l’énergie sans avoir recours à l’énergie fossile : pas de pétrole, pas de gaz, pas de charbon ». L’école évite également, selon Serge Fort, de couper trop d’arbres. Elle préfère en planter pour capter ce carbone et le fixer dans le sol, au lieu de le laisser s’échapper.
Le directeur d’exploitation en est convaincu. Les nouvelles générations sont fortement impliquées dans la transition écologique. « Les jeunes qui sont dans nos classes vont porter cette transition agroécologique, elle est imminente. De toute manière nous n’avons pas le choix ».