À 34 km de Bordeaux, Blaye tente de trouver une solution pour que l’interminable trajet vers la capitale de Gironde ne soit plus qu’un mauvais souvenir. C’est pour relever ce défi que le train et la navette fluviale, tout droit venus du passé, émergent comme des alternatives d’avenir.
Quinze ans après sa fermeture, la ligne de train qui reliait Blaye à Saint-Mariens compte encore des irréductibles. L’Amicale des usagers du train milite pour la réouverture de la ligne. Cette association a même pris les devants de la région qui a la compétence des transports pour commander une étude sur la faisabilité du projet. Présidée par Christian Hamard, ancien travailleur dans le ferroviaire, l’association défend la mise en circulation du train qui nécessiterait « un travail de quelques mois ». Elle a des raisons d’espérer, la ligne n’a pas été déclassée par la SNCF et les rails sont encore bien visibles là où la nature n’a pas repris ses droits. Parmi les alliés de poids, le maire de la commune.
Tous les habitants ne sont pas aussi optimistes. La libraire Sophie Odin installée Cours du Maréchal de Lattre est dubitative : « le retour du train, je ne sais pas si ce serait utile mais je sais que ce serait compliqué. » D’autres Blayais comme Olivier, président de la Société des amis du vieux Blaye rejettent complètement l’idée : « le train est une aberration, vous avez vu l’itinéraire ? ». Le tracé prévoit plusieurs arrêts avant une arrivée dans la capitale girondine. Le train n’irait pas directement à Bordeaux mais passerait par Saint-Mariens avant de se diriger vers sa destination. Une étude du cabinet A-Urba montre que près de 19 000 personnes se rendent chaque jour vers la métropole bordelaise depuis le Blayais et la Haute Gironde.
La piste fluviale
Un autre projet pourrait remporter la faveur des Blayais : la mise en place d’une navette fluviale pour relancer une liaison qui était assurée jusqu’en 1922, avant que le transports routier et ferroviaire ne prennent la main.
Rejoindre Bordeaux en moins d’une heure grâce à un catamaran, c’est la proposition que la communauté d’agglomération Royan Atlantique est en passe de concrétiser. En février dernier, un test grandeur nature a été conduit sur l’estuaire à bord d’un prototype de catamaran aéroglisseur estimé à deux millions d’euros.
L’entreprise rochelaise qui exploite le bateau a déjà mis en circulation ce modèle au Gabon. La communauté d’agglomération aimerait proposer des navettes entre Royan, Pauilliac, Blaye et Bordeaux. Les premiers essais ont été concluants mais des questions demeurent : que faire face aux embâcles qui compliquent la navigation ?
Et quid des réglementations fluviales qui pourraient limiter la vitesse pour le transport de personnes et pourrait rallonger les 40 min de trajet en vitesse de croisière (50 nœuds soit 92 km/h). L’itinéraire doit être étudié pour respecter le cadre nautique et les zone de vitesse réduite. L’étude économique a été commandée, si elle est validée, un appel d’offres pourrait être lancé.
Au niveau de la région Nouvelle-Aquitaine, même si ces projets sont prometteurs, d’autres sont à l’étude. Son vice-président en charge des transports, Renaud Lagrave, met en avant une volonté d’améliorer les fréquences du bus. Un travail de recherche a été commandé pour évaluer la possibilité de « dédier une voie aux bus pour voyager plus rapidement ».
Le nouveau règlement de transport routier de la région sera voté en avril, l’occasion de discuter solutions en plus des nouvelles offres de transport inter-urbains.