Pour la première fois à Blaye, des lycéens ont marché vendredi 15 mars en faveur du climat. Leur initiative a été soutenue par l’équipe pédagogique.
C’était un soir comme un autre. Alors qu’il discutait tranquillement d’écologie avec ses parents, Romain Groussac , un élève de terminale du lycée Jaufré Rudel, est interpellé sur les réseaux sociaux par la jeune suédoise Greta Thunberg. L’écolo activiste mondialement connue appelle à une « grève mondiale pour le climat ». « Ça a été un déclic, explique Romain, je me suis dit qu’il fallait organiser une marche à Blaye, là où il ne se passe jamais rien ». Trois semaines plus tard, c’était chose faite.
Soutien du lycée
« Préparer une manifestation en trois semaines, c’est compliqué », admettent Romain et Octavien Maury, les deux principaux organisateurs de la marche. Mais les difficultés rencontrées n’ont pas été celles auxquelles ils s’attendaient. Alors qu’ils craignaient des réticences de la part de la direction, tout deux s’accordent à dire que « le proviseur et les conseillers d’éducation ont tout de suite soutenu le projet ». François-Olivier Joyet, qui est à la tête de l’établissement, le confirme : « J’ai accueilli avec beaucoup d’intérêt cette proposition. J’espère que ça va nous permettre de mener des actions concrètes et de remettre en route des projets qui avaient commencé à prendre forme au sein de l’établissement ces dernières années».
Concrètement, ce soutient s’est traduit pour les marcheurs par des absence justifiées, à la différence d’autres lycées de la région qui ont appliqué des sanctions. Un soulagement pour les élèves de terminale, puisque les manquements au règlement sont répertoriés dans leur dossier Parcoursup. Certains profs ont aussi aménagé leur cours afin que les manifestants, trois mois avant le bac, ne soient pas pénalisés.
Surtout, les 250 à 300 marcheurs ont été rejoints par des surveillants et des professeurs. Finalement, et comme le regrettent les organisateurs, « le plus compliqué, ça a été de mobiliser les élèves… ».
Une conscience écologique en demi-teinte
Océane Henry, elle aussi en terminale et organisatrice de la marche, déplore le fait qu’un certain nombre de lycéens ne soient toujours pas sensibilisés à la cause écologique « Ici, nous luttons encore pour que les élèves prennent conscience du réchauffement, alors qu’en réalité le débat n’est plus là. Nous devons dépasser le stade de l’information et passer à celui de l’action » explique-t-elle. Et il est vrai que les questions environnementales rencontrent un succès mitigé au lycée Jaufré Rudel.
Exceptée la mise en place d’un poulailler au sein de l’établissement pour éviter le gaspillage alimentaire, peu d’actions concrètes sont menées. Et lorsque c’est le cas, elle rencontrent un faible intérêt de la part des étudiants. Les deux professeurs qui se sont emparés de la question du développement durable cette année ne diront pas le contraire. « Depuis trois ans nous tentons de faire des choses, se défend pourtant le proviseur. Il y a un système de tri qui se met en place et on souhaite passer sur des ampoules led, mais ce n’est pas si facile à mettre en oeuvre… » regrette-t-il.
L’initiative de Romain va-t-elle changer la donne ? Cela se pourrait bien. Depuis le débat organisé vendredi après la marche, les élèves semblent réfléchir à de nouvelles propositions et le proviseur se dit ouvert à la mise en place de projets écolo au sein de l’établissement. Pour l’heure, Océane, Romain et Octavien ont déjà décidé de créer un organisme dont l’objectif est de « traiter la question du réchauffement climatique à l’intérieur du lycée, de débattre de façon régulière sur ce sujet et d’agir localement ».
Une initiative louable, qui comme l’espère Océane, sera poursuivie l’année prochaine par les futurs terminales.
Le déroulé de la marche est à retrouver juste ici en images:
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