Quatre ans qu’ils attendaient cela. Samedi, les habitants de Villenave d’Ornon (33) vont enfin voir le tramway arriver dans leur commune. Avec la ligne C, ils pourront se rendre directement au centre-ville de Bordeaux.
Au terminus « Lycée Vaclav Havel » de Bègles, les passagers sont invités à descendre. Pourtant, le tram continue sa route. Il « effectue des essais libres depuis octobre », explique Michel Poignonec, premier adjoint au maire de Villenave d’Ornon. Le but ? Tester la nouvelle portion d’1,4 km avant l’ouverture officielle, samedi 2 février.
A trois jours de la mise en fonction de ce tronçon, des ouvriers en gilets orange s’activent aux abords des rails : « tout sera prêt pour samedi », assure l’un d’entre eux. Cent mètres plus loin, les employés d’une entreprise de paysage ratissent le sol. « Des automobilistes ont confondu la route et les rails. Ils ont roulé sur le gazon, on est donc obligé de tout changer ». Toutes les cinq minutes environ, ils sont interrompus par le passage d’un tram.
« Villenave-Centre Pont de la Maye », un des deux nouveaux arrêts du tram C. Même fourmillement qu’à côté. Bancs, distributeurs de tickets, panneaux… tout semble en ordre pour samedi. Seules manquent les vitres de l’arrêt de tram. Sur la nouvelle piste cyclable qui jouxte les rails, la peinture est encore fraîche.
Au-delà de la rocade
Lettre à la main et béret sur la tête, Pierre, retraité villenavais, se rend à la Poste juste à côté de l’arrêt. « J’habite avenue des Pyrénées [emplacement du nouveau terminus, N.D.R]. Je pourrais prendre le tram pour me rendre ici, mais aussi pour rejoindre Bordeaux ». Un enthousiasme qui n’est pas partagé par tous. Une habitante de Villenave attend le bus avec son fils : « pour nous, ça ne change rien. On habite à l’ouest de la ville, on reste mal desservi ».
Pour le premier adjoint Michel Poignonec, « étendre la ligne de tram au-delà de la rocade permettra d’inciter ceux qui viennent de l’extérieur de l’agglomération à laisser leur véhicule avant d’entrer, et à prendre les transports en commun ». Pour cela, un parc relais de 700 places a été construit à proximité du terminus.
« Là où passe le tramway, le quartier se densifie, ajoute Michel Poignonec. C‘est un outil qui permet de redessiner la ville comme on le souhaite ». Et il est vrai que les travaux se multiplient aux abords de la ligne. Pour la construction du tram, des expropriations ont été mises en œuvre : « mais cela n’a pas concerné de maisons d’habitation, affirme le premier adjoint. Il s’agissait de jardins, de fonds de parcelle et de commerces ».
De l’autre côté de la rocade, le terminus « Villenave Pyrénées » est aussi le lieu d’une grande agitation. A l’odeur du bitume chaud s’ajoute le vacarme des camions.
Dans un café face aux vignes, Mourad joue au billard. L’homme d’une trentaine d’années vante le projet : « on est content de l’arrivée du tram. Ça va permettre aux gens qui viennent de loin, ou à ceux qui habitent ici, de poser leur voiture puis de prendre le tram et aller travailler. Ça sera moins cher que de prendre la voiture ou faire du covoiturage ».
Le trentenaire se prend même à rêver : « peut-être que dans quelques années, le tram ira encore plus loin : La Brède, Cadaujac… Ça ferait un circuit magnifique. »