La contestation mondiale citoyenne s’unit sous le signe du gilet jaune. Depuis plusieurs semaines le mouvement français s’essaime au delà des frontières de l’hexagone. Si les revendications ne sont pas partout les mêmes, le gilet devient un symbole de colère universel.
Lundi, Emmanuel Macron a proposé une série de mesures afin d’apaiser le mouvement de protestation des gilets jaunes. Alors que la France se prépare déjà à l’acte V de la mobilisation, le phénomène se propage à l’international. Dans certains pays, les citoyens s’approprient le mouvement mais il arrive que des mouvances politiques extrêmes tentent de le pervertir.
La fièvre jaune se propage
Notre voisin belge est le premier conquis par le mouvement de mobilisation des « Gilets jaunes ». Les racines de la contestation sont identiques à celles de la France : la hausse des prix du carburant et la pression fiscale (la Belgique est le numéro deux juste derrière la France).
Il suffit de traverser le plat pays pour constater que la contestation touche également les Pays-Bas. Des rassemblements se sont organisés autour de questions sociales telles que l’âge de la retraite, le coût des mutuelles ou encore l’immigration.
Hors des frontières européennes, le Burkina Faso, pays parmi les plus pauvres de la planète est également touché par une forte mobilisation citoyenne. A l’instar des français, les burkinabés se sont révolté le 29 novembre dernier, contre la hausse de 12% du prix des carburants. Ce mouvement fait écho au mouvement français même si les burkinabés ne se revendiquent pas des gilets jaunes français : c’est la « chemise rouge » qu’ils ont choisi pour exprimer leur colère.
Du côté du Moyen-orient, à 5000 kilomètres de la France, d’autres gilets jaunes ont fait leur apparition. A Bassora, grande ville du sud de l’Irak, des centaines de manifestants ont pris part à un rassemblement devant la bâtiment du gouvernorat.. Naqeeb Luaibi, un des organisateurs des rassemblements explique que le gilet jaune était déjà utilisé auparavant, notamment en 2015 lors des premières éruptions de colère. « On se disait que l’on serait plus organisés si l’on portait ce gilet ».
Hier, mercredi 12 novembre, c’était au tour de la Pologne de Morawiecki de goûter à la fièvre jaune. Des agriculteurs galvanisés par les protestations françaises ont bloqué une autoroute en direction de Varsovie pour réclamer au gouvernement une aide aux éleveurs touchés par la peste porcine africaine (PPA). « On proteste à la française, comme les gilets jaunes, car les protestations pacifiques menées jusqu’à présent n’ont donné aucun résultat » a déclaré un des participants.
De l’autre côté de la Méditerranée, le phénomène des « gilets jaunes » risque bien de s’étendre à l’Algérie, sans pour autant traduire la même colère. C’est dans la ville kabyle de Béjaïa – 200 km à l’ouest d’Alger – que des manifestants arborant des « gilets jaunes » ont été aperçus. Ici, c’est la liberté d’entreprendre et la liberté d’expression qui sont défendues.
L’extrême droite s’empare des « gilets jaunes »
L’Europe voit aussi les groupuscules d’extrême droite et mouvements nationalistes adopter le dossard avec des ambitions claires. Pour Pegida et deux autres partis Allemands, se « débarrasser » d’Angela Merkel et redonner le pouvoir aux peuples Européens dits « de souche » permettra de replacer les questions politico-sociales au cœur du débat tout en mettant fin à la politique migratoire du pays.
Certaines revendications diffèrent de celles de l’hexagone. L’Angleterre s’est approprié le mouvement via UKIP et l’activiste britannique Tommy Robinson pour accélérer son processus de retrait de l’Union Européenne via l’organisation d’une manifestation le 9 décembre. Sur le forum 4chan intitulé « Brexit Gilet Jaune » circulent des messages comme « comment faire pour que cela arrive chez nous ? ».
Au Monténégro, des milliers de citoyens pro-Russes ont adopter la veste jaune pour manifester suite à un appel des partis d’opposition, demandant la libération d’un responsable politique incarcéré.
Les images d’un député Serbe de l’opposition revêtant un gilet jaune au sein de l’assemblée pour protester contre le prix de l’essence dans son pays n’est pas sans rappeler la démarche d’un certain Jean Lassalle. « Nous voulons des prix normaux de l’essence, ou vous aurez les gilets jaunes dans les rues de Belgrade et de Serbie », a prévenu Bosko Obradovic, patron de la formation de droite nationaliste Dveri.
De l’autre côté de l’Atlantique, le mouvement « gilets jaunes » séduit tout le spectre de l’extrême droite américaine qui l’exprime sur les réseaux sociaux. Jack Posobiec, figure de l’ « alt-right » raciste et anti-immigration ironise : « Pendant ce temps, dans le mondialisme » sur son compte Twitter en légende d’un photomontage d’Emmanuel Macron agité devant des véhicules incendiés dans les rues de la capitale.
Alors qu’aucun gilet jaune n’a encore foulé le sol de la place Tahrir, le gouvernement égyptien inquiet par l’ampleur du phénomène, a pris des mesures de prévention pour éviter toute contagion du pays par la fièvre. La vente de gilets jaunes dans le pays est donc désormais contrôlée. Des vendeurs précisent que « pour vendre des gilets jaunes, il faut le feu vert du commissariat de police » du quartier.
Laura Diab
@lauradiab2