Midi sonne au clocher de l’Église de Bazas. Le ciel est bleu et clair, et déjà les premiers visiteurs commencent à affluer. Pour la fête des bœufs gras, la ville fait un bond dans le passé.
Cela fait 733 ans que l’on aime le bœuf et qu’on le fait savoir à Bazas, petit village de Gironde. Chaque année, la fête des bœufs gras attire plusieurs milliers de personnes, et depuis sa création, elle est restée (presque) la même.
Cette célébration atypique est née à une époque où Bazas était l’une des principales villes d’Aquitaine, avec une économie florissante. Elle tire son origine de l’obligation qui est alors faite aux bouchers de la ville d’offrir un taureau au clergé local lors des fêtes de la Saint-Jean.
Tout commence avec la pesée sur la place des tilleuls. Les attelages viennent se placer sur une grosse dalle en béton, et la balance mécanique fait le reste du travail. Ici, le numérique n’a pas encore réussi à prendre le pas sur les techniques traditionnelles.
« Patrick il n’aime pas ça la technologie moderne, ça fait plus de dix ans qu’il est là et il a toujours préféré continuer à se servir des bonnes vieilles méthodes. Pas de panne possible! » confie Yvan, l’animateur de la journée.
Ensuite vient l’heure du défilé. Là aussi, le cérémonial est resté le même qu’au premier jour. Une coutume qui, selon certains auteurs remonterait à l’Antiquité, mais les premiers documents précis datent du XVème siècle. Les bœufs sont couronnés de fleurs, et ils défilent entre les fifres et les tambours de la ripataoulère de Gans.
Et si la plupart des visiteurs ont l’âge d’être à la retraite, ceux qui défilent concurrence le jeune âge des boeufs. Les enfants observent tout le monde du haut de leurs échasses en bois, tandis que les petites filles dansent en costumes traditionnels. Mais c’est surement la bénédiction des bœufs par l’évèque de la ville qui remporte la palme de la désuétude… Autant d’éléments qui donnent à la fête et donc à la ville une coloration moyennageuse le temps d’une journée.
Un retour dans le passé qui plait, mais qui ne doit pas faire oublier les difficultés économiques de plus en plus importantes des éleveurs. En Gironde, le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 25% depuis 2005.