Basé sur les préconisations du rapport Spinetta, le projet gouvernemental de réforme de la SNCF a déclenché une vague de protestation dans tout le pays. Et pour cause : parmi d’autres propositions, la réforme mettrait fin à l’embauche au statut de cheminot, ouvrirait à la concurrence le réseau ferroviaire, et fermerait même certaines lignes régionales. Revendiquant sa capacité à créer la rupture, Emmanuel Macron s’attaque là à une institution nationale, qu’il sera difficile de changer.
Alors qu’il a été voté en première lecture à l’Assemblée, les cheminots sont en grève depuis le 3 avril contre ce projet. Le gouvernement maintient quant à lui sa détermination : « il nous faut cette réforme« , a déclaré Edouard Philippe. L’intersyndicale a appelé à « un rassemblement le 3 mai à Paris et en territoires« , et réclame de pouvoir négocier directement avec le Premier Ministre.
Une des principales propositions mises en causes par les syndicats : l’ouverture à la concurrence. Voulue à l’origine comme un service public, la SNCF a toujours bénéficié d’un monopole dans son activité. Si aujourd’hui ce monopole est remis en cause, c’est notamment pour se conformer aux directives européennes. La comparaison avec les modèles allemand et britannique, qui ont chacun procédé à une telle libéralisation, découle logiquement. En l’occurrence, elle tendrait à donner raison aux cheminots en grève.
Cette grève, qui pourrait donc continuer pendant l’été, est décriée par le gouvernement comme nuisant à la croissance du pays et la santé économique de la SNCF. Mais les cheminots eux-mêmes consentent également à un gros sacrifice en se mobilisant. Mais si les raisons financières d’arrêter le mouvement ne manquent pas, l’Histoire fournit aux cheminots de nombreuses raisons de croire qu’un recul du gouvernement soit possible.
Le rail français s’ouvre à la concurrence, par Lohan Benaati et Théo Mercadier
Ouverture à la concurrence de la SNCF : les exemples anglais et allemands, par Camille Chrétien