Covid : la fièvre du jeudi soir pour les discothèques bordelaises

Avant leur fermeture vendredi 10 décembre par décret gouvernemental, les discothèques Bordelaises ont décidé de reprogrammer leurs évènements. Une sorte de chant du cygne qui mêle aurevoirs, appel à défendre le monde de la nuit et fête du nouvel an avant l’heure… Avec l’espoir de pouvoir rouvrir leurs portes en janvier.

Subtile odeur de lendemain de fête et chaussures qui collent au sol en acier : la cale de l’Iboat porte encore les stigmates des soirées précédentes. Les lumières sont éteintes et il ne reste plus que deux soirées pour donner un dernier souffle à la piste avant sa fermeture pour quatre semaines, décret gouvernemental oblige.

“Même dans les bars, personne ne pourra danser.“ Thibault Laporte, programmateur de la discothèque. © Pierre Bourgès

Une fois remonté au bar où l’ambiance est un peu plus chaleureuse, Thibault Laporte, programmateur de l’établissement, ne cache pas sa déception : “On a fait attention de respecter toutes les consignes sanitaires pour encadrer les soirées. Mais on joue contre l’impossible, on est muselé”. Comme toutes les discothèques, son établissement devra rester portes closes jusqu’au 7 janvier prochain.

Alors pour tenter de faire vivre le son, le programmateur a décidé de faire de cette fermeture un véritable événement : “Notre dernière soirée s’appelle Last Call”, confie-t-il amusé. Un dernier appel pour que le combat du monde de la nuit ne s’arrête pas. “L’avenir est incertain et même si pour l’instant on n’est pas en danger d’un point de vue financier, on veut rester mobilisés pour continuer à faire vivre la musique électronique”.

Last night pour sauver les DJs

Comme l’Iboat, la grande majorité des boîtes de nuit de Bordeaux a reprogrammé ses événements : de The Base avec ses soirées “closing clubs“ au Teatro, toutes les boîtes sont sur le pied de guerre.

Au Hangar FL, c’est leur événement phare Closing 21 qui a été avancé à jeudi. “Chez nous, le nouvel an, c’est jeudi !“ déclare Davy, le directeur artistique. Et il compte bien faire de cette dernière soirée un moment mémorable. L’événement rassemblera des grands noms de la scène techno. “De nombreux clubbers avaient déjà pris leur place et ils sont contents de savoir que l’événement aura quand même lieu”, assure-t-il.

Face à celles et ceux qui craignent de se retrouver dans la foule des grands soirs, le Hangar FL reste confiant. Avec l’arrivée des nouveaux variants, la peur s’était déjà installé chez les clients confie Davy, qui ajoute : “On a un public assez jeune, ils sont en plein partiels. Ils ne sont pas forcément enclins à sortir en pleine semaine à cette période. Mais affluence ou pas, on respectera toutes les consignes sanitaires”. S’il tempère et reconnaît qu’en juillet l’annonce d’un cluster dans son enseigne a fait grand bruit, il est persuadé que les sorties en boîte ne sont pas plus à risque que les meetings politiques.

Le virus en pleine boum

Pourtant, selon les résultats d’une étude de l’institut Pasteur publiée en novembre dernier, les bars et discothèques arrivent bel et bien en tête des lieux ou le virus se propage le plus. Durant l’été, l’institut a mesuré que la menace de contamination augmentait de 790 % chez les moins de 40 ans qui fréquentaient les boîtes de nuit. “Nous n’avons jamais reçu d’appel de l’ARS”, se défend pourtant Thibault Laporte de l’Iboat. Des contrôles du pass sanitaire à l’investissement dans de nouveaux extracteurs d’air, le programmateur assure que tout a été mis en œuvre pour diminuer les risques.

Mais pour lui, la fermeture des boîtes ne va pas régler le problème : “Les personnes iront chez des amis, dans des appartements aux portes et aux fenêtres fermées. Ils seront moins certes, mais les discothèques avaient le mérite d’encadrer les soirées“. Selon Patrick Lalanne, le patron de La Plage, boîte de nuit bordelaise, “mettons en place un test antigénique gratuit et obligatoire à l’entrée des discothèques plutôt que de les fermer“.

Sans se concerter, tous semblent bien pessimistes. Pour eux la fermeture ne durera pas un mois mais sûrement bien plus. Patrick rappelle : “La dernière fois, on nous a annoncé 6 semaines et ça a duré 18 mois”.

Pierre Bourgès

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