Vaccination à Bordeaux : le casse-tête de la troisième dose

Depuis le 27 novembre, chaque adulte a la possibilité de recevoir une troisième dose de vaccin contre la Covid-19, à partir de cinq mois après sa dernière injection. La fin du passe sanitaire « deux doses » est fixée au 15 janvier. J’ai donc essayé de me frayer un chemin pour obtenir un rendez-vous parmi les centres de vaccination girondin d’ores et déjà saturés.

Je me suis rendu -en bon citoyen- sur Doctolib afin de trouver un rendez-vous. Premier constat, le site est inaccessible, ou du moins, je dois attendre plusieurs dizaines de minutes pour qu’il puisse s’ouvrir.

Une situation compréhensible au vu du nombre de personnes qui sont à la recherche d’une dose de rappel. Selon le ministère de la santé, au 28 novembre, 6 954 782 de français(es) ont reçu 3 doses pour la plupart de plus de 65 ans. C’est peu par rapport au plus de 50 millions de personnes ayant déjà reçu deux doses. Dans les dernières 24h, 55 088 personnes ont reçu une troisième dose, c’est bien plus que les premières doses (+3157 en 24h). Un record pour la troisième dose et ce n’est pas prêt de s’arrêter.

En cherchant mon rendez-vous, une première déception, aucun centre de vaccination ne m’en propose. Sur le site vitemadose, deuxième déception : le seul créneau disponible en décembre propose une dose de Moderna, un vaccin qui m’est déconseillé puisque j’ai moins de 30 ans. Le seul rendez-vous disponible auquel je suis éligible est pour le 11 janvier 2022 dans une pharmacie de Lormont …

Pour essayer d’aller plus vite, je consulte le site de l’Université de Bordeaux. Rien ne semble prévu … Et au niveau des instances de direction, personne n’est au courant de la mise en place prochaine d’un quelconque dispositif d’accompagnement. 

Les méga vaccinodromes ont fermé en octobre. Une situation problématique mettant les centres de vaccination en tension face au million de rendez-vous pour la dose de rappel qui ont été pris sur Doctolib le weekend qui a suivi l’annonce de l’exécutif. Ni la mairie de Bordeaux, ni la Métropole, ni l’Agence Régionale de Santé (ARS) ne savent quand ces grands centres vont rouvrir.

J’apprends aussi en me baladant sur le site Santé.fr, que le centre départemental de vaccination de Bordeaux est censé faire des vaccinations sans rendez-vous, mais il n’est ouvert que le jeudi après-midi et le mardi matin.

Un espoir surgit : le centre de vaccination Gallieni est ouvert. Katia, une infirmière, m’explique qu’ils ne sont pas capables de recevoir tous les patients qui souhaitent réserver : « Ce qui serait pas mal pour désengorger la situation, ce serait la réouverture des méga-vaccinodromes ». Sa collègue Amélie renchérit : « C’est dommage qu’ils aient fermé les grands centres le mois dernier. Maintenant, tout est saturé ! »

Je demande à Katia si l’ouverture à la troisième dose pour tous n’est pas précipitée. « C’est bienvenu mais je regrette le manque d’organisation. Tout le monde panique ... »

Dans la file, une retraitée (comme la plupart des gens qui patientent) attend sagement son tour. Je lui demande si elle n’a pas eu trop de difficultés pour obtenir sa dose : « J’ai pu avoir un rendez-vous assez facilement puisque les moins de 65 ans n’étaient pas encore éligibles à la troisième dose. Pour ma fille, par contre, ce n’est pas la même affaire. Elle n’a pas de rendez-vous avant les fêtes alors qu’elle s’est précipitée sur les sites de réservation ».

En sortant du centre, je me demande comment les moins de 65 ans s’en sortent dans leurs recherches d’une troisième dose. Sur ma route je croise Nicolas, un boulanger. « J’ai voulu prendre rendez-vous en décembre mais finalement ça ne sera pas avant janvier. L’accès au site était très difficile le soir des annonces ! ».

Je ne suis donc pas le seul à « galérer » sur ce chemin pavé d’embûches vers la troisième dose. Nathan, étudiant en troisième année d’histoire à Bordeaux-Montaigne a même arrêté ses recherches. 

D’après Santé Publique France, 797 610 personnes ont reçu leur dose de rappel au 29 novembre dans la région. Bien loin des presque cinq millions de personnes à avoir reçu deux doses en Nouvelle-Aquitaine. 

Pour ma part, à force d’acharnement sur le site de vitemadose, j’ai fini par trouver in extremis un rendez-vous après les vacances. En espérant que d’ici là, la situation se soit débloquée.

Alexandre Tellier

Crédit Photo : Alexandre Tellier

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