L’inquiétude des parents se fait difficilement entendre

Depuis la fin des vacances de la Toussaint, les enfants de 6 à 11 ans ont l’obligation de porter le masque à l’école. Une mesure inadaptée selon certains parents girondins qui ont décidé de s’organiser en collectifs pour protester contre cette réforme. Inquiets pour la santé physique et psychique de leurs enfants, ils ont mené plusieurs actions, pour le moment sans succès.

« J’étais abasourdi par le fait de mettre des masques à des enfants de 6 ans », explique Olivier, membre actif du collectif Les parents de Gironde. Convaincu par les difficultés rencontrées par sa fille, ce cadre technique dans l’aéronautique a décidé d’envoyer une lettre à la député de la neuvième circonscription de la Gironde, restée sans réponse. Persuadé qu’il n’était pas le seul parent dans cette situation, il a décidé de tracter devant l’école de sa fille, avant de rejoindre le collectif qui se créait sur Facebook. 

Difficile de se faire remarquer

Le 28 novembre dernier, Olivier participait avec Les parents de Gironde à une manifestation contre le port du masque pour les 6-11 ans, autorisée par la préfecture. Les manifestants se sont rassemblés au même moment que les protestations contre la loi sécurité globale : “ Nous étions une centaine noyés au milieu de 20 000 personnes. Les médias ne nous ont même pas remarqués”, explique Olivier. La première manifestation autonome du collectif a eu lieu plus d’un mois après, le 9 janvier à Bordeaux. 

De son côté, Olivier s’est adressé à une inspectrice de l’éducation nationale. Cette dernière l’a redirigée vers un avis du Haut Conseil de la Santé Publique, dans lequel il est précisé que “seule une saisine des députés ou des ministres pouvaient permettre de modifier un décret”. Le cadre n’a, au final, jamais eu de réponse concrète. “ Avec le collectif on va réécrire à la député de la neuvième circonscription, Sophie Mette, en espérant avoir un rendez-vous”

Las de n’avoir aucune réponse satisfaisante, le collectif a organisé une manifestation devant le rectorat à Bordeaux le 27 janvier. Entourés de gendarmes lors du rassemblement, Olivier ironise : “Je crois qu’ils ont confondu des complotistes ‘ »anti-tout’ » et des parents qui s’inquiètent simplement pour leurs enfants”. Le rectorat leur a assuré un rendez-vous avec la rectrice. « On n’a toujours pas eu de nouvelles”, confie ce père.  

Le 9 Décembre dernier, l’ancien président de la République François Hollande s’est rendu à Guitres, petite ville du Libournais, pour visiter un lycée. A cette occasion, le collectif Nord Girondins de parents contre le port du masque a manifesté. Le rassemblement a connu un écho plus fort. Ils ont obtenu un rendez-vous avec le Directeur des Service Départementaux de l’Education Nationale de la Gironde, François Coux. Mais ce dernier “s’est désisté au dernier moment et a laissé deux secrétaires s’en charger”, se désole Charles Rény, informaticien indépendant et fondateur du collectif. “Depuis le début nous sommes devant un mur” confie ce dernier.

Avoir plus de poids

Difficile d’avoir une activité professionnelle et d’être parents. Les membres des différents collectifs ne disposent pas de beaucoup de temps pour mener à bien leurs actions. “Surtout quand nous recevons peu de réponses” ajoute l’informaticien. Selon lui, les articles et les réseaux sociaux sont un bon moyen d’être écoutés et d’avoir plus de visibilité. “Ce sont des outils indispensables pour mutualiser au maximum nos forces”, affirme-t-il. 

Plusieurs collectifs de Gironde ont fusionné et souhaitent “devenir une association” sous la bannière des Parents de Gironde, déclare Olivier. Cela leur permettrait de porter plainte au nom de l’association, et surtout d’avoir plus de poids pour faire des réclamations auprès des élus. 

Ces collectifs ont du mal à se faire entendre. Les relais institutionnels ou politiques ne semblent pas ouverts à leurs revendications. Cette situation ne concerne pas uniquement la Gironde. De nombreux collectifs de parents se sont formés aux quatre coins de l’hexagone (voir carte ci-dessous). Malgré l’ampleur nationale, le phénomène ne semble toujours pas pris en compte. Pourtant, la transmission entre enfants reste assez faible : «Les enfants sont peu porteurs, peu malades et peu contagieux entre eux et envers les adultes« , affirme Fabienne Kochert, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa).

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Les collectifs de parents contre le port du masque pour les enfants sont nombreux en France. Source : Enfance & Libertés.

*Le nom a été modifié

Crédit : Pixabay.

Maxime Asseo et Anaëlle Larue

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