Réforme des retraites : les annonces d’Edouard Philippe ne convainquent (toujours) pas les syndicats

Le Premier ministre Édouard Philippe présentait mercredi 11 décembre les contours de la réforme des retraites, au Conseil économique, social et environnemental (Cese). Si le MEDEF s’en félicite, les représentants des travailleurs ont exprimé leur opposition lors du point presse juste après l’allocution. L’UNSA et la CFDT appellent au dialogue, alors que Force Ouvrière et la CGT rejettent le projet en bloc. La grève devrait donc s’étendre dans les prochaines semaines.

Manifestation du 5 décembre à Bordeaux. Crédit photo : Quentin Bral

Satisfait

Seul le MEDEF applaudit les annonces d’Edouard Philippe. « La réforme va dans le bon sens » pour Geoffroy Roux de Bézieux, le président du syndicat patronal. Le gouvernement redonne la main aux partenaires sociaux pour leur permettre de définir entre eux l’allongement de cotisation. Des questions de « second ordre » restent en suspens mais « le message est passé ».

Pas satisfaits 

L’UNSA est inquiet et déçu de ces annonces. Pour le syndicat, le gouvernement a franchi une ligne rouge sur la mesure d’âge. Le numéro 1, Laurent Escure, considère que M. Philippe reste flou sur certains secteurs et ne leur permet pas de se positionner clairement. L’UNSA semble partagé entre l’envie de négocier et celle d’étendre la mobilisation.

La CDFT évoque la même ligne rouge en dénonçant un recul déguisé de l’âge de la retraite. Laurent Berger, en chef de file, regrette l’insuffisance de prise en compte de la pénibilité du travail. Le bureau national du syndicat se réunit cet après-midi pour définir leur stratégie dans les semaines à suivre.

Plus tranchée, la section cheminote de la CFDT, par l’intermédiaire de son secrétaire Didier Aubert, compte poser son veto tant que la question de l’âge pivot n’est pas revue par le gouvernement.

Le syndicat de cadres CFE-CGC « reste dans le camp des opposants » vis-à-vis d’une réforme « de plus en plus dangereuse ». Son président François Hommeril appelle toujours au dialogue : « Nous avons tendu une perche au gouvernement. À lui de savoir la saisir avec intelligence et de revenir à la table des négociations ».

Du côté de la police non plus, le compte n’y est pas. Fabien Vanhemelryck, secrétaire générale d’Alliance police prévient : « tant qu’on n’aura pas de certitude d’avoir une dérogation à ce système universel, on continuera le rapport de forces ». Après cette journée de mobilisation, le mouvement devrait donc se prolonger.

Révoltés 

Une section intersyndicale n’a pas attendu les annonces du Premier ministre pour se projeter dans la mobilisation. Solidaires, CGT, FSU, Force Ouvrière, UNL, MNL et l’UNEF appellent à maintenir la pression grâce à des actions locales jeudi 12 décembre, ainsi que le week-end qui suit. La section intersyndicale s’était accordée sur une journée de manifestation nationale mardi 17 décembre. Après cette intervention du gouvernement, leur position ne fléchit pas.

Selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ce sont deux projets qui s’affrontent. Celui du gouvernement « veut individualiser le système de retraite », tandis que celui de la CGT « propose de renforcer la solidarité ». Le syndicaliste rejette toute forme de scission entre les travailleurs nés avant 1975 et les autres. Pas question de négocier avec le gouvernement pour l’heure. Au contraire, il appelle au renforcement de la mobilisation. Néanmoins, « la balle est dans le camp du gouvernement » et il ne tient qu’à lui de revoir sa copie pour calmer la contestation.

Enfin, Yves Veyrier de Force Ouvrière rejette l’esprit global de la réforme. Selon lui, le système de retraite à points implique à la fois une baisse du niveau des pensions et un recul effectif de l’âge de départ. Dans un communiqué, le syndicat constate que la « mobilisation exceptionnelle » engagée le 5 décembre a contraint le gouvernement à abaisser l’âge de l’application de la réforme. Cela prouve l’utilité de continuer la contestation, « pour l’ensemble des travailleurs du public et du privé ».

Mathieu MICHEL

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