Et si… les deux Corées étaient réunifiées ?

Depuis 1948, la Corée du Nord, soutenue par Moscou, et la Corée du Sud, appuyée par les Etats-Unis, sont divisées. Le 19 juin 2020 Kim Jong-un a officiellement déclaré qu’il renonçait à la bombe nucléaire. Si les deux peuples vont enfin vivre ensemble, la route vers une Corée véritablement unifiée est encore longue.

Le soleil tape sur les barbelés de la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Des milliers de nord-coréens attendent, impatients de retrouver enfin quelques membres de leur famille. Aujourd’hui, 20 juin 2020, après 72 ans de division, le temps est venu de fraterniser à nouveau. Sho, nord coréenne et étudiante en lettres de 19 ans, a les larmes aux yeux. Elle revoit sur l’écran géant les images de ces poignées de main historiques entre Donald Trump et ses homologues nord et sud-coréens Kim Jong-un et Hwang Kyo-ahn. Enfin ! Les Etats-Unis et la Corée du Sud reconnaissent la diplomatie nord-coréenne et signent le traité de paix tant demandé depuis la partition de la Corée. Enfin ! La Corée du Nord devient un état légitime sur la scène internationale. Enfin ! Kim Jong-un renonce à l’arme nucléaire, ce contentieux vieux de 50 ans.

Mais comment parvenir à une réunification entre deux pays si différents ? « Certes, l‘écart du niveau de vie avec nos voisins nord-coréens est tel que nous allons devoir les soutenir. Mais il est de notre devoir de contribuer à une paix durable. Nous injecterons donc 500 milliards de dollars et personne ne le regrettera ! » s’exclame le Hwang Kyo-ahn à la télé, sous les applaudissements. Sho a conscience que des intérêts sont derrière cette réconciliation : son pays regorge d’uranium et la main d’oeuvre ne sera pas chère. Mais l’heure est à la fête.

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« Le PIB de la Corée unifiée pourrait atteindre 6 000 milliards de dollars vers 2050, ce qui la placerait au 8e rang mondial. » clame une représentante Sud-Coréenne, fière de son pays déjà 15ème puissance mondiale. Des chiffres aussi gros n’évoquent rien à la jeune fille.

« Vous allez enfin arrêter de vous nourrir de racines ! »

Sur cette frontière de 238km, un groupe de Sud-Coréens accueille leurs nouveaux compatriotes. Des familles se retrouvent, émues. Mais le han, ce sentiment de rancoeur propre à la Corée qui ronge les deux parties, subsiste. Certains se lancent des regards hostiles. Jung, un jeune homme nord-coréen, s’approche de Sho, qui a toujours les yeux rivés sur l’écran. « Vous allez enfin arrêter de vous nourrir de racines ! » lui dit-il. « Personnellement, je n’ai jamais mangé de racines, la famine a eu lieu dans les années 1990. Elle est révolue depuis déjà 15 ans. » répond sèchement Sho, qui garde un souvenir flou mais douloureux de cette « marche ardue », telle que les Coréens la dénomment.

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« Tu sais lire j’espère ? » lui demande Jung. Face à autant de clichés, Sho est furieuse : « Si tu regardes bien le drapeau du parti, tu remarqueras qu’en plus de la faucille et du marteau, il y a un pinceau. Les lettres sont très importantes pour nous. Donc oui, je sais lire. », dit-elle en lançant un regard de désespoir à son frère Kim. Certes, la Corée est unifiée, mais il faudra du temps aux frères ennemis pour se comprendre.

parti corée

Julie Lassale

Merci à Juliette Morillot, spécialiste de la Corée, pour sa précieuse aide.

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