Des drones au service du CHU de Bordeaux

dronesforlife
500 000 euros ont été investis dans le projet du consortium Drone For Life, qui espère commercialiser son drone dès 2017

Cet été, le consortium aquitain Drones For Life testera le transport d’échantillons médicaux par les airs entre les différents sites du CHU de Bordeaux. L’objectif : réduire le temps d’attente pour sauver plus de vies.

Imaginez que vous vous faites opérer. Pendant l’opération, votre chirurgien a besoin de réaliser des analyses de sang. Problème : seul un autre hôpital peut réaliser ce type de test. Pour cela, un porteur viendra chercher les échantillons, les acheminera par voiture, et le laboratoire appellera l’hôpital pour lui communiquer les résultats de l’analyse une fois celle-ci effectuée. Une telle procédure se pratique tous les jours, dans des centres hospitaliers du monde entier.

« Le souci, c’est que cette méthode est longue. Elle immobilise un chirurgien et maintient un patient endormi plus longtemps », explique Jean-Dominique Lauwereins, co-fondateur de l’entreprise BeTomorrow et coordinatrice du projet Drone For Life. Un consortium créé avec un objectif clair : réduire ce temps d’attente entre la collecte d’échantillons et le rendu des analyses grâce aux drones. Pur produit de la région, il réunit le CHU de Bordeaux, le développeur de drones Sysveo basé dans les Landes, la Direction de la sécurité de l’Aviation civile (DSAC) sud-ouest, la société de transport médical FlashBioLogistic, ainsi que le cluster aquitain AETOS, réseau pour le développement et l’exploitation des systèmes de drones.

D’une heure de transport à quinze minutes

« D’après les médecins, une personne peut décéder parce qu’on n’a pas établi de diagnostic à temps. Connaître rapidement l’origine du problème permet de trouver des solutions plus rapidement », assure Jean-Marc Grolleau, ingénieur chez Thales et animateur du cluster AETOS. Actuellement, « l’acheminement des échantillons médicaux par voiture met environ une heure. En passant par les airs, nous pensons pouvoir réduire ce temps de transport à un quart d’heure ».

Le projet en est encore au stade de prototype. Le premier vol test de leur drone, le Stork-X8, aura lieu cet été entre les trois sites du CHU de Bordeaux – Pellegrin, Saint-André et Sud-, soit une distance de huit kilomètres entre les hôpitaux les plus éloignés. « Pour l’instant, l’engin ne pourra assumer qu’une charge de 500 grammes. Le drone en lui-même pèse lourd, et les éprouvettes qu’il transportera seront triplement emballées, puisqu’elles contiendraient du sang potentiellement contaminé », explique Jean-Dominique Lauwereins.

La sécurité est leur défi numéro un. « C’est le début d’un autre type de transport. Tout le monde sait que le “hacking” des drones est possible, ça fait peur », confie Jean-Marc Grolleau. Mais sur le Stork-X8, tout est fait pour l’éviter.

En effet, « chaque drone sera tracé, avec un monitoring en temps réel par une sorte de tour de contrôle », explique Jean-Dominique Lauwereins. « En cas de problème, le drone se placera en mode “sécurité” et s’acheminera vers des zones de repli. Tout le matériel sera doublé pour être sûr de la fiabilité ». Et pour plus de sécurité, les drones ne pourront voler que dans des couloirs aériens prédéfinis, comme les avions, minimisant ainsi le risque d’accident grave en cas de chute.

Malgré de grandes avancées dans ce domaine, « le drone ne remplacera pas la voiture » selon Jean-Dominique Lauwereins. Ce n’est d’ailleurs pas l’objectif de Drone For Life. Il s’agit de proposer une alternative plus rapide, plus économique. Pas de remplacer l’automobile. « Pour l’instant, à chaque livraison, un système d’arbitrage se chargera de décider, selon la météo, les conditions du trafic routier, etc. si l’acheminement des prélèvements se fera par voiture ou par drone ».

Si les tests s’avèrent concluants, le consortium Drone For Life espère pouvoir commercialiser son Stork-X8 d’ici 2017. Une révolution technologique aux multiples applications, qui pourrait bien révolutionner le transport des produits médicaux.

 

Jeanne Travers

Retour en haut
Retour haut de page