Castillon ne lâche pas ses chômeurs

Thibault a 22 ans. Après un an de chômage il est prêt à tout pour trouver un emploi. Peu importe le salaire ou sa localisation.
Thibault a 22 ans. Après un an de chômage il est prêt à tout pour trouver un emploi. Peu importe le salaire ou sa localisation.

La commune de Castillon­-la­-Bataille (Gironde) n’a pas attendu d’être sélectionnée au dispositif « territoires zéro chômeur » pour offrir de nouvelles opportunités à ses demandeurs d’emploi. Depuis la 15 décembre, elle propose un dispositif de réinsertion dans le cadre des « chantiers formation » soutenus par la région Aquitaine. Onze personnes sans emplois, travaillent sur la rénovation du stade municipal.

« Se reformer au bout d’un certain temps ans c’est dur mais j’ai l’espoir de retrouver du travail plus tard », confie Bernard. Cet ancien bûcheron de 40 ans et père de quatre filles, est au chômage depuis six ans déjà. Alors qu’il enchaînait des petits boulots comme chauffeur-livreur, un ami lui a parlé du chantier de formation que propose la ville. « Nous voulons les ramener dans la vie active en leur proposant un travail qui les forme à un nouveau métier, explique Jean Sanchez, leur formateur. Ca leur permet aussi de retrouver confiance en soi. » Sur ce chantier, Bernard et ses collègues – devenus amis – se forment au métier de carreleur. Seulement deux d’entre eux, comme Thibault, ont déjà eu une expérience en bâtiment : « J’avais déjà fait un stage dans ce domaine et j’avais bien aimé. Maintenant la formation va me permettre de postuler à certaines offres. » En tout, ils sont onze à avoir été sélectionnés selon leur motivation et leur situation professionnelle. Et s’ils ne reçoivent pas les indemnités chômage, c’est le Conseil Régional qui se charge de les indemniser.

Mais la petite commune de 2 878 habitants ne peut pas proposer cette expérience à ses 550 demandeurs d’emplois. Pour Jacques Breillat, le maire de la ville, une seule solution possible : Castillon doit candidater au dispositif «territoires zéro chômeur » proposé par l’association ATD Quart Monde et approuvée récemment par le Sénat. Cinq communes ont déjà été sélectionnées. Les prochaines seront choisies dans les mois à venir. En tout, dix villes feront partie de l’aventure.

L’objectif du dispositif « territoire zéro chômeur »

Réintégrer les personnes au chômage depuis plus d’un an dans le monde du travail.

Pour Castillon­-la-­Bataille, l’enjeu est de taille. 1/3 des chômeurs qu’elle rassemble sont au chômage depuis plus de deux ans. «  On est une petite commune rurale certes, mais les difficultés sont au moins aussi grandes qu’ailleurs », insisite Jacques Breillat,le maire de la ville.

En 2014, la part de chômeurs longue durée s’élevait à 45% sur l’ensemble des personnes au chômage en France selon le CESE (Conseil économique, social et environnemental). En tout, l’hexagone rassemblait 2,4 millions de chômeurs longue durée fin 2014.

Le fonctionnement

Les CDI créés dans le cadre du dispositif seront en partie financés par des dépenses sociales comme le RSA et les indemnités chômage. Selon ATD Quart Monde, un chômeur de longue durée coûte entre 15 et 20 000 euros par an à la collectivité. L’idée est donc d’utiliser ces indemnités pour les rémunérer.

Ces nouveaux emplois ne devront pas concurrencer l’offre marchande actuelle. Les employeurs feront partie du secteur de l’économie sociale et solidaire. « Les missions que nous créeront si nous sommes sélectionnés seront toutes des missions pour prendre soin. Prendre soin des personnes en difficulté, de l’environnement… En clair, tous ce qui concerne l’intérêt général », précise Jacques Breillat. Les emplois seront donc créés en fonction des besoins de la commune et des qualifications de la personne au chômage.

Les points d’ombres

Les CDI proposés ne sont pas si indéterminés que ça. On parle en fait de CDI de cinq ans.

Dans une interview pour LesEchos.fr, Maurad Rahbi, membre du CESE, alerte sur le risque de créer de « faux espoirs auprès des chômeurs. » Comment pérenniser ces emplois en CDI par le suite ? Durant l’expérience, les personnes volontaires seront toujours inscrite à Pôle Emploi. Pas sûr que les concernés trouvent ensuite un travail dans une entreprise qui leur proposera plus que des indemnités : un salaire.

Les cinq villes sélectionnées travaillent déjà sur leur futurs projets. Enjeux et objectifs à découvrir sur la cartographie ci-­dessous.

Profils des 5 communes sélectionnées

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